L'Illustré

De Mike Tyson à Sofia Loren

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Avant de devenir le chirurgien qu’on connaît, René Prêtre a suivi le cursus habituel. Après ses études à l’Université de Genève, celui-ci l’a notamment conduit à New York, de 1988 à 1990, où il a d’abord travaillé aux urgences avant de faire ses premiers pas en chirurgie cardiaque. C’est là qu’il a vu débarquer un certain Mike Tyson, le prodige de la boxe mondiale, alias «Iron Mike» ou «Kid Dynamite», surnoms hérités de sa manière expéditive de massacrer ceux qui avaient le courage de le défier. «Cette fois-là, Tyson s’était battu à mains nues quelque part à Harlem contre un gars qui lui cherchait noise, selon lui. Il est venu quelques jours plus tard à l’hôpital pour des douleurs à un poignet, directemen­t chez le boss, mais je l’ai vu. De près, je me suis aperçu qu’il n’était pas plus grand que moi. En longueur s’entend, parce que, en largeur, je lui en devais pas mal (rire). Il est reparti assez vite, mais, en sortant, il y avait déjà une dizaine de journalist­es et de chaînes TV qui l’attendaien­t. A cette époque, deux personnes monopolisa­ient l’attention des médias populaires américains: Tyson et un certain Donald Trump, alors en plein divorce avec Ivana.»

Un autre temps fort a marqué celui qui n’était alors que médecin assistant aux Hôpitaux universita­ires de Genève. «Un après-midi, je reçois en urgence un adolescent du nom d’Edoardo Ponti. Il souffrait d’une grosse entorse à une cheville. On le soigne, on le plâtre, il rentre. Le soir, coup de téléphone. Je réponds sans me douter de qui peut bien être à l’autre bout du fil puisque ce nom de famille ne m’avait pas interpellé. La dame alors s’annonce. Enorme surprise pour moi: «Bonsoir, je suis Sophia Loren, la maman d’Edoardo que vous venez de soigner.» Elle me dit qu’elle souhaite passer à l’hôpital le lendemain pour parler de l’état de son fils. Je lui demande si elle désire s’entretenir avec le chef de service, mais elle me répond qu’elle préfère parler avec le médecin qui l’a soigné, donc moi. Elle a débarqué le lendemain avec une grosse boîte de chocolats, très simple, très gentille, avenante avec tout le monde, y compris les petites mains de la salle de plâtre, avant de nous gratifier de son sourire légendaire après avoir reçu des nouvelles rassurante­s pour son fils. Une vraie maman. Sa simplicité et son amabilité m’ont marqué.» ●

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