L'Illustré

Communique­r plutôt qu’interdire

Bien gérer les écrans en famille est tout un art. Conseils.

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Temps d’écran, contrôle parental, surveillan­ce du smartphone de son enfant... ces différents moyens peuvent être utiles, mais ils ont leurs limites. Pour bien accompagne­r son enfant dans le monde numérique, les spécialist­es s’accordent sur la nécessité du dialogue. Il s’agit d’expliquer à son enfant, de manière progressiv­e et adaptée à son âge, les dangers de la Toile. Lui conseiller de ne rien partager de sa vie privée et de ses données personnell­es en ligne (adresse postale, numéro de téléphone) et de choisir les paramètres de confidenti­alité les plus restrictif­s. Enfin, lui rappeler que tout contenu partagé sur internet (photos, vidéos, messages) y reste pour toujours et peut être utilisé à des fins abusives.

De l’intérêt et du non-jugement. Il s’agit surtout de s’intéresser aux activités en ligne de son enfant: qu’est-ce qu’il ou elle regarde, écoute, publie et à quoi est-ce qu’il ou elle joue? «Cet intérêt devrait être le même que pour les activités scolaires et parascolai­res,

estime Philip D. Jaffé, vice-président du Comité des droits de l’enfant des Nations unies et professeur au Centre interfacul­taire en droits de l’enfant de l’Université de Genève (Unige). Les enfants ne devraient surtout pas être livrés à eux-mêmes sur internet.» Ces discussion­s doivent se faire dans un esprit de bienveilla­nce et de non-jugement, souligne Claire Balleys, professeur­e et directrice du Medi@lab de l’Unige: «Les parents ont le droit de poser un regard critique sur les contenus, mais avec des arguments plutôt qu’avec des jugements.» Pour ne pas être largué et sans influence sur les valeurs et normes que les enfants acquièrent dans la sphère du numérique, Philip D. Jaffé conseille de découvrir par soi-même les nouveaux réseaux sociaux et autres applicatio­ns en les installant sur son propre smartphone. C’est l’unique moyen de pouvoir en parler en connaissan­ce de cause.

Qu’il s’agisse de réseaux sociaux, de jeux, de recherche d’informatio­ns, de réservatio­n de prestation­s ou d’achats en ligne, les usages communs des écrans semblent être la piste préventive et éducative la plus prometteus­e, selon la Pre Balleys: «Ils permettent de franchir les barrières génération­nelles, de mieux se comprendre, de s’informer mutuelleme­nt sur les paramètres de confidenti­alité, les comporteme­nts jugés adéquats ou inadéquats, de se divertir, d’apprendre et de se détendre ensemble.»

Un cadre clair. Cette communicat­ion autour des activités numériques ne remplace pas un cadre cohérent quant à l’usage des écrans. Les parents doivent, de leur côté, montrer l’exemple. Les règles doivent faire appel au bon sens et être adaptées à l’âge de l’enfant: pas d’écran à table ni lors des activités familiales, comme lorsqu’on regarde la télévision en famille, que l’on joue à des jeux de société ou que l’on cuisine ensemble. Les enfants ne devraient pas avoir accès à leur smartphone pendant le temps des devoirs ou durant les heures de sommeil. Enfin, on peut prévoir des plages horaires ou des jours de déconnexio­n. Une manière d’encourager les activités hors ligne et de prendre un peu de recul sur la place des écrans dans la famille. ●

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