La victoire en chantant
De Lio à Jeanne Mas, en passant par Caroline Loeb, les brunes ont enchanté les années 1980. Ce documentaire rend hommage à ces héroïnes d’une société alors en pleine évolution.
« La Joconde, à moins qu’on la tonde, c’est quand même bien une brune!» En chantant Les brunes comptent pas pour des prunes, Lio résumait bien l’époque: à l’aube des années 1980, les belles aux cheveux foncés étaient en train de prendre le pouvoir, d’abord sur les blondes, le fantasme supposé des hommes, puis sur l’ensemble de la société. La variété d’alors en est le témoin. Quand, en 1980, à 16 ans, elle chante Banana split – en pleine conscience, dit-elle –, l’époque n’est à l’évidence plus la même. «On était en rupture avec Karen Cheryl et Sheila, les anciennes idoles, explique Lio. La pop féminine a ouvert la brèche.»
«Nous étions des pionnières», confirme Princess Erika à qui on doit Trop de bla bla, titre dans lequel les beaux parleurs se font rabattre leur caquet. Désormais, les femmes décident de leur vie. Je ne veux pas rentrer chez moi seule chante Agathe du groupe Regrets qui, pour ce titre, s’est inspirée de l’une de ses soirées. «J’avais envie d’être un mec, assure même Jil Caplan, habituée à porter des blousons d’aviateur et dont le nom s’inspire du personnage de Cary Grant dans La mort aux trousses. C’est pour ressembler à Elvis Presley que je portais la banane. Parce que, inconsciemment, les hommes représentent une liberté qu’on n’a pas.»
Egéries de toute une génération, ces pionnières du Girl Power ont pulvérisé les codes sans jamais se prendre au sérieux. Ne manquez donc pas ce documentaire très instructif de Lucie Cariès qui rappelle notamment que Buzy, récemment disparue, a été la première rockeuse française, et que Mylène Farmer… n’est pas si rousse que ça!