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Une nouvelle vie pour les tapis

Tous les tapis ont droit à une nouvelle vie. Assad Ghaderi, de l’atelier Simorgh à Genève, les restaure, qu’ils soient déchirés, troués ou encore abîmés par l’eau. Un véritable travail d’orfèvre.

- Atelier Simorgh VIRGINIA AUBERT

C’est une authentiqu­e histoire d’amour qui lie Assad Ghaderi à l’art du nouage et du tissage d’un tapis. Pour lui, c’est un objet précieux, un passeur d’histoire qui doit être transmis de génération en génération. Il faut le chérir. On sent une tristesse l’envahir quand il évoque des tapis qui n’ont pas été restaurés dans les règles de l’art et qui ont perdu toute leur authentici­té et leur harmonie.

«Les gens voient simplement un tapis alors que moi je vois l’attachemen­t, le lien qui relie le tapis et le propriétai­re, explique Assad Ghaderi. Il y a une histoire derrière chaque tapis. Il est dans la famille depuis plusieurs génération­s ou il a été acheté lors d’un voyage, ou encore il s’agit d’un cadeau…». Dans son atelier où il exerce depuis plus de trois décennies, Assad Ghaderi prend son temps. D’abord, celui de l’étude, car s’il faut analyser les réparation­s à faire, il faut aussi «comprendre» le tapis afin de respecter la manière dont il a été fabriqué, ainsi que ses motifs. Ensuite vient le temps de la restaurati­on proprement dite.

Après un nettoyage en profondeur du tapis et son séchage, le travail de réparation commence. Assad Ghaderi prend place derrière son établi, où il restera de très longues heures, progressan­t dans son travail avec lenteur et un soin infini.

Après avoir constitué une trame sur la partie du tapis endommagé, Assad Ghaderi réalise le nouage autour de plusieuBrO­sNtÀraTmIR­eERs à l’aide de fils de soie, de laine ou de coton. Il reconstitu­e ainsi exactement le dessin du tapis, ce qui exige

N°59 de connaître la significat­ion des motifs - protection contre le mauvais sort, prospérité, Partenaire etc. du -, mais journal aussi la culture des régions où les tapis ont été produits. «Tous ces éléments me permettent de recomposer le dessin», précise Assad Ghaderi. Le travail se fait entièremen­t à la main avec des outils traditionn­els et dans le plus pur respect des techniques ancestrale­s. Quant aux fils, imprégnés de teintures naturelles, ils proviennen­t d’Iran.

Mais le savoir-faire et les connaissan­ces encyclopéd­iques d’Assad Ghaderi en matière de tapis ne se limitent pas à la restaurati­on, puisqu’il effectue également des expertises au

domicile de ses clients ou dans son atelier. Une démarche qu’il ne faut pas hésiter à entreprend­re car la plupart des personnes ignorent la valeur de leur tapis. Quant à savoir si l’investisse­ment à consentir en vaut la peine, Assad Ghaderi souligne que cette décision repose sur la valeur financière, mais également affective, du tapis. 4, rue de l’Aubépine - 1205 Genève - Tél 079 364 04 61

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Le paradis des tapis... Assad Ghaderi possède un savoir-faire ancestral d’exception transmis par un Maître restaurate­ur d’Iran.

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