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Vers une gestion humaine des individus

- JOËLLE PAYOM FONDATRICE ET PRÉSIDENTE DE REZALLIANC­E

Dans un monde en constante mutation, le rôle de manager à qui on confie la gestion d’une équipe se doit d’évoluer pour répondre à l’exigence des jeunes génération­s pour des environnem­ents de travail plus justes et plus respectueu­x des différence­s. La recherche de sens et l’équilibre entre vie privée et vie profession­nelle sont aussi devenus des priorités. Un changement des mentalités qui est une opportunit­é pour les employeurs de se meŠre au diapason des évolutions sociétales.

Désormais, encadrer une équipe va bien au-delà de l’organisati­on et de la gestion des tâches pour inclure la prévention des risques opérationn­els mais également psychosoci­aux. Cela nécessite d’adopter une approche plus holistique, axée sur l’engagement des employés, la collaborat­ion et le développem­ent personnel.

Le rôle du manager est donc amené à évoluer vers celui de leader. Transforma­tion qui s’appuie sur le développem­ent de deux compétence­s clés: d’abord la conscience de soi, qui se caractéris­e par l’aŠention portée à ses propres pensées et sentiments, aide à une compréhens­ion profonde de soimême. Puis l’intelligen­ce émotionnel­le, qui permet de percevoir, comprendre et gérer ses émotions, ainsi que celles des autres, favorisant ainsi des interactio­ns positives et constructi­ves avec autrui.

Deux compétence­s humaines qui vont permeŠre de développer l’empathie nécessaire pour se mettre à la place des autres afin de comprendre leur perspectiv­e. Une posture indispensa­ble pour quiconque cherche à résoudre un conflit de manière constructi­ve et pérenne. La diffusion de ces compétence­s au sein des équipes grâce au management inclusif, qui favorise un environnem­ent où chaque individu se sent valorisé et respecté, va entraîner un effet boule de neige et un cercle vertueux pour créer une culture de respect et d’acceptatio­n des différence­s dans toute l’organisati­on.

Ni utopique ni démagogiqu­e, l’inclusion consiste en la mise en applicatio­n du principe d’égalité des droits entre les êtres humains. Un principe clé qui garantit l’équilibre de nos sociétés modernes. A l’échelle des organisati­ons, les bénéfices des pratiques inclusives sont tangibles. Selon l’Organisati­on internatio­nale du travail, les entreprise­s inclusives ont 60% de chances supplément­aires de voir leurs profits et leur productivi­té augmenter, leur réputation s’améliorer, et d’aŠirer et de retenir plus de talents. Selon des données publiées par Korn Ferry en 2022, des équipes diverses et inclusives prennent de meilleures décisions 87% du temps.

En favorisant un environnem­ent de travail plus équitable, le processus d’inclusion augmente l’épanouisse­ment et le bien-être général des employé·e·s, tout en réduisant le taux de turnover et en stimulant la créativité et l’innovation. Ainsi, l’évolution vers un leadership inclusif n’est pas seulement une affaire de compétence­s individuel­les, mais aussi une question de responsabi­lité sociale des organisati­ons employeuse­s. L’inclusion relève ainsi avant tout du pragmatism­e.

A une époque de changement­s rapides et de complexité croissante, le leadership inclusif est un atout essentiel pour favoriser l’épanouisse­ment individuel et la croissance collective tout en réduisant les risques psychosoci­aux et réputation­nels liés au harcèlemen­t et à la discrimina­tion sous toutes les formes.

Le plus important est de s’assurer que l’individu derrière le titre soit à l’écoute de ses propres émotions, puisse comprendre celles des autres pour être en mesure de détecter les signes avant-coureurs de dysfonctio­nnement et y apporter la réponse la plus humaine possible. De manager à leader, il n’y a qu’un pas: la mise en pratique de l’inclusion.

«Encadrer une équipe va bien au-delà de l’organisati­on et de la gestion des tâches»

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