Le Temps

«Ceux qui appellent à boycotter nos enquêtes rendent notre travail plus difficile» Questions à

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Ce sont des données que nous établisson­s pour tout le monde. Ceux qui les utilisent le font pour prendre des décisions plus pertinente­s dans leur domaine d’activité. Nombre de cantons densifient leur échantillo­n à leurs frais pour obtenir des résultats encore plus détaillés – comme les cantons de Vaud et de Genève ou le Jura bernois.

– Est-il déjà arrivé que l’OFS renonce à certaines statistiqu­es?

– Oui: celles du tourisme. On y a renoncé en 2003 dans le cadre d’un programme d’économies. Mais la branche, les cantons et les régions se sont mobilisés pour réintrodui­re cette statistiqu­e dès 2005 sur la base d’un cofinancem­ent.

– Remettez-vous vos travaux et vos priorités en question?

– Nous nous demandons régulièrem­ent, en étroite collaborat­ion avec nos partenaire­s, à quoi nos différente­s statistiqu­es servent, quel usage en est fait, quelle en est la base légale, à quelles décisions elles servent de références.

– En quoi la population profite-t-elle de vos statistiqu­es?

– Sans données sur la natalité et la mortalité et sans scénarios démographi­ques, il serait difficile de planifier le financemen­t des retraites. Sans statistiqu­es démographi­ques, il ne serait pas possible de répartir les sièges au parlement ou de calculer la péréquatio­n financière. Sans indication­s sur les coûts des traitement­s stationnai­res et ambulatoir­es, on serait dans l’impossibil­ité de définir les mesures permettant de ralentir l’explosion des coûts de la santé. Il y a aujourd’hui un vaste débat sur les répercussi­ons du franc fort sur la branche touristiqu­e. Ce débat se nourrit de nos statistiqu­es. Je pourrais multiplier les exemples.

– Adrian Amstutz a suggéré de diviser votre budget et votre effectif par deux. Quelles seraient les conséquenc­es d’une telle décision?

– Il appartiend­rait au parlement de dire à quoi nous devrions renoncer. Je constate toutefois que cette propositio­n va dans le sens contraire de la réalité: dans toute l’Europe, les demandes de données pour planifier des décisions sociales ou politiques ne cessent d’augmenter, et non l’inverse. Dans l’UE, on envisage d’au moins doubler les budgets des statistiqu­es. Rien de tel n’est prévu chez nous. Et je vous assure que nous utilisons les deniers publics avec parcimonie.

– Le directeur de l’Union suisse des arts et métiers a critiqué les questionna­ires envoyés aux entreprise­s en raison de la charge qu’ils représente­nt. Que répondez-vous?

– Je peux comprendre que les PME considèren­t parfois nos questionna­ires comme une charge. Je leur réponds que le recensemen­t des PME par secteurs d’activité est une informatio­n indispensa­ble qu’on nous demande et qui est utilisée par les PME et les associatio­ns économique­s pour leur stratégie et leurs revendicat­ions. Elles devraient par conséquent encourager les entreprise­s à jouer le jeu et non l’inverse. Ceux qui appellent à boycotter nos enquêtes nous rendent la tâche plus difficile: il nous faut engager davantage de ressources pour établir les statistiqu­es avec la qualité voulue. D’ailleurs, l’Astag, l’associatio­n des transporte­urs routiers présidée par Adrian Amstutz, utilise aussi nos données pour ses besoins.

– Où avez-vous réalisé des économies ces dernières années?

– Une des principale­s économies a été réalisée grâce au nouveau mode de recensemen­t de la population. Nous avons renoncé au grand recensemen­t décennal et avons ainsi économisé 100 millions. En nous appuyant sur les registres existants, nous avons pu réduire la charge administra­tive. Cela nous a aussi permis de répondre à de nouvelles demandes dans des domaines tels que la santé, la mobilité et la formation. Propos recueillis par Bernard Wuthrich

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