«Pas d’effet démontré des ondes»
Questions à
Le Temps: Pour la première fois, la justice française a reconnu le fait que l’exposition aux ondes électromagnétiques peut causer un handicap chez des personnes hypersensibles. Comment définit-on cette notion? Isabelle Rossi:
La définition varie en fonction de la source. En Suisse, elle est la suivante: «Les personnes dont la santé et le bien-être sont affectés au quotidien et qui attribuent ces troubles aux champs électromagnétiques (CEM) sont qualifiées d’hypersensibles.»
– Le lien entre exposition aux ondes électromagnétiques et symptômes est-il établi?
– A l’heure actuelle, il n’existe pas de preuve scientifique en faveur d’un lien de cause à effet entre une exposition aux CEM et la survenue à court terme de symptômes non spécifiques. Pour ce qui est des effets à long terme, nous manquons d’études, et celles dont nous disposons ne montrent pas non plus de lien de cause à effet. Ce qui cependant ne permet pas de conclure à l’absence d’effet.
– Recevez-vous régulièrement des plaintes de gens disant souffrir des ondes?
– Oui, nous sommes approchés par de telles personnes. On ne peut pas nier cette souffrance, et on ne peut pas exclure la cause présumée, les ondes en particulier, lors d’une exposition à long terme. Le problème est que la relation de cause à effet n’a pas été démontrée à ce jour. C’est toute la distinction entre un risque, qui est une probabilité, et un danger, qui demeure une hypothèse. Cette nuance génère des conflits entre les scientifiques et des citoyens, car ceux-ci pensent en termes de danger, c’est-à-dire le risque qu’il y ait un risque.
– Pensez-vous que la reconnaissance judiciaire française puisse faire boule de neige ici?
– Je n’en suis pas sûre. Les mouvements citoyens sont moins développés ici. D’autre part, en ce qui concerne les rayonnements non ionisants, le droit de l’environnement suisse est relativement sévère. La Suisse a par exemple édicté des valeurs limites d’installation, qui sont destinées à la prévention de risques inconnus sur la base du principe de précaution.