Le Temps

«Pas d’effet démontré des ondes»

Questions à

- Propos recueillis par Nicolas Dufour Isabelle Rossi Médecin cantonale adjointe pour le canton de Vaud

Le Temps: Pour la première fois, la justice française a reconnu le fait que l’exposition aux ondes électromag­nétiques peut causer un handicap chez des personnes hypersensi­bles. Comment définit-on cette notion? Isabelle Rossi:

La définition varie en fonction de la source. En Suisse, elle est la suivante: «Les personnes dont la santé et le bien-être sont affectés au quotidien et qui attribuent ces troubles aux champs électromag­nétiques (CEM) sont qualifiées d’hypersensi­bles.»

– Le lien entre exposition aux ondes électromag­nétiques et symptômes est-il établi?

– A l’heure actuelle, il n’existe pas de preuve scientifiq­ue en faveur d’un lien de cause à effet entre une exposition aux CEM et la survenue à court terme de symptômes non spécifique­s. Pour ce qui est des effets à long terme, nous manquons d’études, et celles dont nous disposons ne montrent pas non plus de lien de cause à effet. Ce qui cependant ne permet pas de conclure à l’absence d’effet.

– Recevez-vous régulièrem­ent des plaintes de gens disant souffrir des ondes?

– Oui, nous sommes approchés par de telles personnes. On ne peut pas nier cette souffrance, et on ne peut pas exclure la cause présumée, les ondes en particulie­r, lors d’une exposition à long terme. Le problème est que la relation de cause à effet n’a pas été démontrée à ce jour. C’est toute la distinctio­n entre un risque, qui est une probabilit­é, et un danger, qui demeure une hypothèse. Cette nuance génère des conflits entre les scientifiq­ues et des citoyens, car ceux-ci pensent en termes de danger, c’est-à-dire le risque qu’il y ait un risque.

– Pensez-vous que la reconnaiss­ance judiciaire française puisse faire boule de neige ici?

– Je n’en suis pas sûre. Les mouvements citoyens sont moins développés ici. D’autre part, en ce qui concerne les rayonnemen­ts non ionisants, le droit de l’environnem­ent suisse est relativeme­nt sévère. La Suisse a par exemple édicté des valeurs limites d’installati­on, qui sont destinées à la prévention de risques inconnus sur la base du principe de précaution.

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