Après l’échec de Monsanto, Syngenta devra se battre pour rester indépendant
Le retrait de l’offre de Monsanto met le groupe bâlois au pied du mur Le titre se redresse en bourse
Jeudi, à la clôture de la bourse suisse, le titre Syngenta avait repris une partie de la perte de la veille provoquée par l’annonce du retrait de l’offre de fusion faite par Monsanto, numéro un mondial de l’agrochimie. Après avoir chuté de 18,3% mercredi soir, il a progressé jeudi de 4,94%.
Le groupe américain, qui en était à sa troisième proposition d’acquisition de Syngenta depuis 2011, a jeté l’éponge face à la détermination du groupe bâlois de ne pas ouvrir ses livres par une procédure de «due diligence».
L’offre était jugée, à Bâle, financièrement trop faible, mais également risquée en termes d’approbation par les différentes autorités nationales de la concurrence. Monsanto avait tenté de relever cette prime de risque de 2 à 3 milliards de dollars, sans succès. Mais la dernière offre de Monsanto, augmentée de 5% sur le papier, à 470 francs par action, a paru nettement trop basse au conseil d’administration de Syngenta. En tenant compte de la forte chute du cours du titre de Monsanto, de 20% depuis la tentative d’acquisition, la valorisation se situait, selon Syngenta, à 433 francs par titre, c’està-dire au-dessous de la première offre annoncée début mai.
La détermination du conseil d’administration du groupe bâlois de ne pas entrer, sur le fond, en négociation avec Monsanto aura eu raison du projet de fusion. Le groupe américain n’avait manifestement pas l’intention de continuer le combat par une offre hos- tile (OPA) en s’adressant directement aux actionnaires de Syngenta.
Le Financial Times ( FT) estime qu’un facteur supplémentaire a pu jouer en faveur du retrait de Monsanto, qui avait par ailleurs choqué les dirigeants de Syngenta en proposant le déplacement du siège social en Grande-Bretagne et une nouvelle appellation du groupe fusionné. Le FT affirme que certains investisseurs, inquiets face à la chute du cours des actions de Monsanto, se sont adressés aux dirigeants du groupe pour stopper l’opération.
La décision doit soulager un certain nombre d’employés de Syngenta car le déplacement du siège de la société, de même que la vente d’une grande partie du portefeuille de semences du groupe bâlois, aurait conduit à la perte de centaines d’emplois en Suisse. Les investisseurs, après le choc boursier de mercredi soir, ont repris leurs esprits et espèrent que Syn- genta atteindra ses objectifs de progression rapide de sa marge bénéficiaire. L’analyste de la Banque Safra Sarasin est mitigé, mais maintient sa recommandation «neutre» sur le titre.
Mike Mack, patron de Syngenta, a engagé sa crédibilité, sur des objectifs précis de nette amélioration de la marge bénéficiaire EBITDA, qui devrait varier entre 24 et 26% en 2018. Cette progression sera réalisée, selon les dirigeants du groupe bâlois désormais sous forte pression, par deux facteurs principaux. Le premier est une augmentation de la marge brute dans le secteur des semences, en partie OGM, qui devrait passer de 40 à 50% jusqu’en 2018.
Le second facteur annoncé aux investisseurs est la forte contribution du programme d’économies sur la base d’une stratégie d’intégration commerciale des activités du groupe, qui emploie 28 000 personnes et réalise un chiffre d’affaires annuel de 15,1 milliards de dollars, obtenu à 75% dans la protection de cultures et à 20% dans la vente de semences.
Des économies de 1 milliard de dollars sont prévues jusqu’en 2018, dont 104 millions ont déjà été réalisés à mi-juin 2015, alors que l’objectif pour l’ensemble de l’année a été fixé à 265 millions. De son côté, Monsanto a annoncé la reprise de son programme de rachat d’actions, afin de soutenir le cours du titre.
Monsanto n’a pas voulu s’engager dans une épreuve de force en lançant une OPA hostile