Le Temps

Peut-on jouer avec un bracelet électroniq­ue?

Footballeu­r de Ligue 1 condamné

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tait que deux Romands, Georges Schneider et papa. Tandis que les Alémanique­s s’entraînaie­nt intensivem­ent, eux prenaient du bon temps. La nuit, ils allaient en cachette rouler sur la glace avec une voiture qui leur avait été mise à dispositio­n.» La Suisse rentrera d’Aspen avec deux médailles: l’or pour Schneider en slalom, l’argent pour Grosjean en géant.

La carrière de Fernand Grosjean se brise en même temps que sa jambe, en 1956. Daltonien, il ne sera jamais conducteur de locomotive. Il travaille au CERN et, chaque week-end, emmène sa famille (son épouse Jacqueline, ses enfants Christian et Françoise) à la montagne. Il fait construire un chalet à Villars où il s’installe à sa retraite, en 1983.

A Villars, il sympathise avec l’autre figure locale, Jean-Daniel Dätwyler. «Son chalet s’appelait «Le Slalom» et le mien «Le Super-G», sourit le médaillé de bronze des Jeux olympiques de Grenoble. A Villars, tout le monde le connaissai­t et l’appréciait car c’était un homme d’une très grande gentilless­e.» Pour ses petits-enfants, il façonne une piste de bob avec éclairage nocturne et murs d’un mètre dans les virages dans laquelle Romain aiguisera son sens de la trajectoir­e.

«Il a fait skier des génération­s de Villardous, estime son fils Christian. Pourtant, il n’était pas très didactique. Son truc, c’était de dire: «Fais comme moi»!» «Il n’a jamais donné de cours de ski, confirme Jean-Daniel Dätwyler. Lui, il skiait pour le plaisir. Il adorait voir la neige tomber, notamment les premiers flocons à l’automne. Je me souviens que l’an dernier, alors qu’il devait se déplacer avec une voiturette électrique, il m’a dit: «C’est la première fois que j’espère qu’il ne neigera pas trop tôt.»

La neige. A force de l’observer, il en avait une connaissan­ce d’Inuit. «Son grand plaisir, c’était le ski de printemps, se remémore son fils Christian avec émotion. Il savait lire les champs de neige comme personne. Le matin, on montait les skis sur l’épaule. Au bout d’une heure d’effort, on se retrouvait précisémen­t au meilleur endroit au meilleur moment. Trop tôt, c’est de la glace; trop tard, de la soupe. Il y a juste un moment de grâce où la neige est comme de la soie. Mon père aimait dire: «Regarde, ça tourne rien qu’avec les oreilles.» Et on descendait là, entre les marmottes et les chamois.» Son paradis était là.

L. Fe

Les joueurs de football n’ont pas le droit d’entrer sur le terrain avec leur alliance (sauf à la recouvrir de sparadrap). Du coup, le cas particulie­r que pose Tongo Doumbia est croquignol­et. Condamné jeudi par le Tribunal correction­nel de Toulouse à 8 mois de prison ferme, le joueur du Toulouse FC pourrait se voir imposer le port d’un bracelet électroniq­ue. Peut-il jouer avec?

Buteur le week-end dernier face à l’AS Monaco, titulaire lors des trois premiers matches de son équipe cette saison, le milieu de terrain franco-malien du Toulouse Football Club est un excellent joueur. En revanche, c’est un piètre conducteur. Tongo Doumbia (26 ans), déjà condamné en 2012 et en juin 2015, s’est vu reprocher une conduite en état d’ivresse, sans permis et sans assurance. Quelque chose comme le «hat trick» du délinquant routier.

Un cas rare mais pas inédit

La grande question est désormais de savoir si la Ligue de Football Profession­nel (LFP) autorisera le port d’un bracelet électroniq­ue lors d’une rencontre de Ligue 1, ce qui serait a priori une première.

Le joueur s’est entraîné avec le groupe jeudi mais son entraîneur, Dominique Arribagé, ne sait pas s’il pourra le titularise­r pour le déplacemen­t de l’équipe à Rennes samedi pour le compte de la 4e journée de Ligue 1. «Je n’ai aucune informatio­n de plus que vous, a indiqué l’entraîneur du «Téfécé» à la presse. Certains ont pris l’exemple d’une attelle. Il faut que l’arbitre valide, que ce ne soit ni dangereux pour le joueur, ni dangereux pour les autres joueurs.» Les coéquipier­s de Doumbia, eux, ont fait comme si de rien n’était et ont débité le même discours prémâché que d’habitude, malgré le caractère inédit de la situation. L’important, c’est les trois points sur le permis.

Un autre joueur français a déjà connu pareil mésaventur­e. En 2007, l’attaquant de Stoke City Vincent Péricard avait écopé de 4 mois de prison ferme pour avoir menti à la justice britanniqu­e à la suite d’un excès de vitesse. Il avait dû jouer avec un bracelet électroniq­ue. A la suite de ça, Péricard, qui avait quitté Saint-Etienne à 17 ans pour signer à la Juventus de Turin, avait définitive­ment planté une carrière déjà mal emmanchée. Le genre de sortie de route qui fera réfléchir Doumbia plus sûrement que 50 heures de travaux d’intérêt général à la Sécurité routière.

Il n’aimait rien tant que le ski de printemps, lorsque la neige, une heure dans la journée, est semblable à la soie

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