Le Temps

Les points de friction où se joueront les élections fédérales

La campagne? Quelle campagne? Beaucoup s’étonnent de la morosité de la période préélector­ale. Or, les élections fédérales sont avant tout la juxtaposit­ion de vingt-six élections cantonales. Et, en certains endroits, les tensions sont vives

- BERNARD WUTHRICH, BERNE

Les élections approchent et la campagne reste morne, sans grand enjeu qui se détache. Pourquoi? Elles ne sont finalement que la juxtaposit­ion des élections cantonales

Tous les quatre ans, on entend la même rengaine. La campagne électorale est morne, on ne parle pas des grands enjeux, tout au plus entend-on débattre des conséquenc­es possibles de la crise migratoire sur le résultat de tel ou tel parti, principale­ment l’UDC. La raison est en fait assez simple. Les élections fédérales ne sont finalement rien de plus que la juxtaposit­ion de vingt-six élections cantonales.

Et rares sont les enjeux qui parviennen­t à se faire une place dans le débat politique préélector­al. Il y a eu Fukushima en 2011 et il y a, en 2015, le risque de pression migratoire. Il y a ainsi une douzaine de points chauds cantonaux auxquels les élections vont apporter une clarificat­ion. Les Verts vont-ils connaître le déclin annoncé? L’UDC et le PLR vont-ils valider l’avance que leur donnent les sondages? Quel score le PS réussira-t-il à obtenir?

Dans ces douze points, il est souvent question de personnali­tés politiques, de leur avenir ou de leur éventuelle relève après le 18 octobre. Les Verts genevois trouveront-ils un nouveau souffle après le départ d’Ueli Leuenberge­r? Les Vaudois vont-ils réélire le PDC Jacques Neirynck? Mais il est aussi question de l’avenir des petits partis, PBD en tête, et d’alliances à venir, notamment en ce qui concerne les Vert’libéraux.

Tous les quatre ans, on entend la même rengaine. La campagne électorale est morne, on ne parle pas des grands enjeux, tout au plus entend-on débattre des conséquenc­es possibles de la crise migratoire sur le résultat de tel ou tel parti, principale­ment l’UDC. Et les retraites? Et l’Europe? Et le tournant énergétiqu­e? Pourquoi les évoque-t-on si peu? La raison est en fait assez simple. Les élections fédérales ne sont finalement rien de plus que la juxtaposit­ion de vingtsix élections cantonales.

Elles sont davantage influencée­s par les conditions locales que par les grands thèmes nationaux. Rares sont les enjeux qui parviennen­t à se faire une place dans le débat politique préélector­al. Il y a eu Fukushima en 2011, encore que les écologiste­s eux-mêmes n’en ont pas tiré profit, puisqu’ils ont aussi bien perdu des sièges que reculé en termes de suffrages aux élections d’octobre. Et il y a, en 2015, la pression migratoire, surtout la sensation et le risque de pression migratoire.

Les multiples sondages réalisés jusqu’à maintenant annoncent un renforceme­nt de la droite. Le baromètre électoral d’août laissait entrevoir un relèvement de l’UDC de 26,6% en 2011 à environ 28% et une progressio­n du PLR de 15,1% à 16,9%. Le géographe Michael Hermann, directeur de l’institut Sotomo de Zurich, a pronostiqu­é dans la NZZ am Sonntag six sièges supplément­aires pour l’UDC et quatre pour le PLR. Tous les autres partis devraient selon lui perdre des plumes: trois fauteuils pour le PS, un pour le PDC, cinq pour les Verts, trois pour les Vert’libéraux, un pour le PBD, alors que les microforma­tions de droite et de gauche pourraient faire leur retour sous la coupole fédérale.

Cette enquête recoupe toutes celles qui ont été publiées ces derniers mois. Elle reflète également les résultats des élections cantonales qui ont eu lieu cette année. Elle confirme le renforceme­nt du bloc de droite composé de l’UDC et du PLR. Il ne faut toutefois pas oublier la composante régionale des élections ni le jeu des apparentem­ents, qui ont une incidence sur le nombre de sièges. Or, c’est au soir du 18 octobre puis au terme des deuxièmes tours nécessaire­s pour la désignatio­n des conseiller­s aux Etats au système majoritair­e, que les partis feront les comptes. Le nombre de mandats décrochés par chaque parti et par chaque bloc de partis influencer­a ensuite la compositio­n du Conseil fédéral.

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