Le Temps

Le centre fait les frais de la progressio­n de l’UDC et du PLR

- YVES PETIGNAT, BERNE

A dix jours des élections fédérales, le baromètre de gfs.bern confirme la progressio­n des deux partis de droite et l’effritemen­t des partis du centre, à commencer par le PDC. A gauche, le PS se maintiendr­ait, les Verts seraient en net recul. La vague de migrations en Europe ne semble pas avoir profité particuliè­rement à l’UDC

La progressio­n du bloc de droite PLR et UDC et l’effritemen­t des formations du centre, PDC, PBD et Parti vert’libéral, se confirment, à dix jours des élections fédérales, selon le dernier sondage réalisé par gfs.bern pour SRG SSR auprès de 2011 personnes. Il apparaît de plus que l’UDC n’aurait pas profité du climat provoqué par la grande vague migratoire en Europe entre août et septembre. Son score n’a en effet pas évolué depuis le baromètre de septembre.

Ce n’est pas l’avis des sondeurs du centre de recherche Sotomo à Zurich qui, pour le gratuit 20 minutes, estiment que l’UDC aurait profité de cette situation et pourrait dépasser 29% d’électeurs, soit très près de son meilleur résultat de 2007.

Selon le dernier sondage gfs. bern pour la SRG SSR, l’UDC obtiendrai­t donc 27,9% (+1,3%) des suffrages, le PLR 16,7% (+1,6%), soit un peu en dessous de son résultat de 2003. Le PS progresser­ait légèrement (+0,5%) à 19,2%. Par contre, malgré une stabilisat­ion en septembre, le recul du PDC par rapport à 2011 semble se confirmer (–0,8%), de même que celui des Verts (–1,2%), des Vert’libéraux (–0,4%) et du PBD (–0,8%).

Jusqu’ici, tous les sondages donnent depuis des mois le bloc de droite UDC-PLR vainqueur. Le dernier baromètre confirme cette tendance. Ensemble, les deux formations pourraient progresser de 2,9%. Manifestem­ent, cela ne suffit pas au président du PLR, Philipp Müller, dont l’ambition est de passer devant le Parti socialiste et de s’installer comme deuxième parti. Mercredi, il a donc utilisé les réseaux sociaux pour lancer, via Twitter et YouTube, un appel à la mobilisati­on des électeurs.

Cette progressio­n dans les sondages ne dit encore rien du nombre de sièges supplément­aires, qui dépend de la situation dans chaque canton, des apparentem­ents de listes et des suffrages résiduels. La progressio­n de la droite devrait se faire au détriment des petits partis du centre, qui ensemble perdraient 2%. A gauche, la régression des Verts, qui se vérifie de mois en mois, serait compensée par un léger mieux du PS et aussi par le retour d’un courant alternatif, très minoritair­e toutefois.

La campagne électorale, dominée par la crainte de la vague migratoire, a surtout permis à l’UDC et au PS de renforcer la mobilisati­on de leur électorat respectif. Pour les Verts et les Vert’libéraux, la quasi-disparitio­n des questions environnem­entales et de l’énergie des cinq premières préoccupat­ions des Suisses a contribué à leurs difficulté­s. Leurs électeurs sont plus difficiles à mobiliser ou passent, s’agissant du PVL, plus volontiers au PLR.

Désorienta­tion des électeurs

Paradoxale­ment, alors que la question des migrations et de l’asile s’impose toujours plus comme la préoccupat­ion majeure et presque unique des Suisses, le regard des électeurs sur les compétence­s respective­s des partis a changé. L’UDC n’a plus le monopole sur cette thématique et perd toujours un peu plus de son image. Il n’y a plus que 25% (29% en septembre) de sondés à penser que l’UDC est le parti le plus compétent pour résoudre le problème, contre 18% qui pensent que c’est le PS et 21% qui jugent qu’aucun parti ne se distingue vraiment. Ce qui indique bien la désorienta­tion des électeurs face à une crise d’importance continenta­le.

D’un sondage à l’autre, l’incertitud­e sur les relations bilatérale­s avec l’UE est aussi passée du deuxième au quatrième rang des préoccupat­ions. Par contre, la réforme de la prévoyance vieillesse, qui est aujourd’hui dans les mains des parlementa­ires, a remis ce thème en deuxième place. Et avec la question contestée du financemen­t, la capacité du PS à résoudre le problème est davantage mise en doute.

On notera enfin, dans la perspectiv­e de la réélection du Conseil fédéral, que près d’un tiers des électeurs (29%) serait favorable à la reconducti­on de la compositio­n actuelle, avec deux PLR et deux PS, un PDC et l’élue du PBD, contre 21% qui veut un retour à la formule magique, avec deux représenta­nts des trois plus grands partis et un PDC. Par contre, les autres formules de centre gauche ou de centre droit n’obtiennent que de faibles scores.

Newspapers in French

Newspapers from Switzerland