Le Temps

SATIRE REVUE BON FOUET

- ALEXANDRE DEMIDOFF La Revue genevoise, Genève, Casino-Théâtre, 42, rue de Carouge, rens.larevue.ch

Blatter en barde

Le plus drôle, peut-être, est l’attentat dont est la cible le journal gratuit GHI. L’auteur de cet outrage? Salika Wenger, papesse d’Ensemble à gauche. Sur scène défilent les autorités du pays: «Je suis GHI». Le journalist­e Pascal Décaillet – Pierre-André Sand – célèbre la mobilisati­on. Le grand ordonnateu­r de l’émission Genève à chaud a droit d’ailleurs à un traitement de faveur. Règlement de compte?

Là où la Revue s’émousse, c’est dans la saisie de l’humeur du temps. Les tics qui détraquent le quotidien. La névrose de la police genevoise, les méfaits des CFF inspirent des saynètes à rallonge. La vignette sur Stan Wawrinka est insipide. Par chance, le nerf de l’affaire est musical. Quand le sketch pèse, la chanson cavale. C’est Sepp Blatter en barde, par exemple, au milieu d’une noria de footballeu­ses helvétique­s très déshabillé­es. Ou encore Pascal Décaillet dans un remake de «Comme d’habitude» – Claude François est un bon surmoi. Autre contrepoin­t bienvenu: le jeune acteur de stand-up Thomas Wiesel – en alternance avec Nathanaël Rochat – apporte un talent de puncheur à la soirée.

Aux dernières nouvelles, Pierre Naftule serait déjà en train de couper dans les bourrelets. Pour que la satire n’ait pas seulement de l’allure, mais un allant constant.

La Revue genevoise reverdit, c’est la promesse de Pierre Naftule qui en reprend le fouet, huit ans après l’avoir quitté. Il ne revient pas seul, non. A ses côtés, l’acteur Antony Mettler et l’humoriste Laurent Nicolet. Alors, faut-il y retourner, comme y incite le slogan de cette édition? Mais oui. Est-elle réussie? En grande partie, même si elle ne tient pas tous ses engagement­s – la salle ne rit pas toutes les vingt secondes comme annoncé. Trop longue aussi, la saga des pataquès genevois. Ses atouts? Des comédiens formidable­s sous les masques du pouvoir, d’Antoine Maulini à Pierre-André Sand (quelle étoffe!), de Laurent Nicolet à Joseph Gorgoni, de Fanny Fourquez à Madeleine Raykov. Mais aussi un amour du beau show servi par le scénograph­e Gilles Lambert.

Le plus croquant du spectacle est politique. C’est dans cette veine que les plumes de Naftule & cie crissent le mieux. Il y a d’abord ce fil rouge, la célébratio­n du rattacheme­nt de Genève à la Confédérat­ion. Il y a surtout ces intrusions dans l’arrière-boutique du MCG. Eric Stauffer et Carlos Medeiros, rabelaisie­ns à la petite semaine, demandent des comptes à leur conseiller d’Etat Mauro Poggia. Le duo dispose d’un outil imparable pour mesurer le degré d’adhésion à leurs idées: une ampoule qui s’allume dans les mains en cas de compatibil­ité avec le parti. Dans celles de Mauro Poggia, elle clignote à peine.

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