CLASSIQUE TROIS MUSICIENS SOUDÉS
Un alto, une clarinette et un piano: la combinaison est originale pour une soirée de musique de chambre. Lundi soir au Conservatoire de musique de Genève (le même concert était donné mardi soir à Vevey), le clarinettiste israélien Chen HalevI, l’altiste anglais Lawrence Power et le pianiste Simon Crawford-Phillips ont été très applaudis au fil d’un riche programme. Chen Halevi irradie une chaleur communicatrice. Il est capable de produire des sons d’une infime douceur puis de passer à une virtuosité endiablée (le du compositeur tchèque Krystof Maratka). Dans le de Mozart qui ouvrait la soirée, il fait chanter son instrument, en osmose avec l’alto expressif et velouté de Lawrence Power. Il y a ce phrasé souple, ces contrastes de couleur au sein d’une écriture admirablement équilibrée. Certains épisodes prennent un tour plus dramatique, comme le où l’alto est très actif par rapport aux lignes suspendues de la clarinette. Le final regorge de bonhomie. Lawrence Power et Simon Crawford-Phillips jouaient ensuite un arrangement de la musique de film de Chostakovitch. On y trouve un climat sombre et élégiaque (Lawrence Power faisant admirablement sonner le registre grave de son instrument) et un caractère plus virtuose. Schumann et Max Bruch ont aussi été très inspirés par la clarinette et l’alto. Les
op. 132 du premier oscillent entre rêverie et effroi nocturne. La troisième pièce est d’un lyrisme éthéré admirable. Les
de Max Bruch, extraites des op.83, prolongent cette atmosphère envoûtante. De nouveau, on apprécie l’esprit de dialogue entre les trois musiciens, aux accents tour à tour pétris de mélancolie et fébriles. Un beau concert au ton singulier.