La Suisse veut sortir de l’inactivité les 80% de migrants à l’aide sociale
INTÉGRATION Réfugiés et requérants d’asile peinent à accéder au marché du travail. Les professionnels de l’action sociale demandent 5000 places d’initiation professionnelle
Face à la crise migratoire, un tournant majeur se dessine dans la politique suisse d’accueil des réfugiés. Jusqu’à présent, les Européens venaient en Suisse pour travailler, alors que les migrants extra-européens accueillis au titre du droit d’asile étaient largement tenus à l’écart du monde professionnel. Souvent dépourvus de diplômes, parlant peu les langues nationales, beaucoup restent inactifs durant des années, vivant de l’aide sociale – en moyenne, 16 000 francs par an et par personne.
Le chiffre donné hier par la Conférence suisse des institutions d’action sociale (CSIAS) est édifiant: 80% des personnes déposant une demande d’asile ont besoin de l’aide sociale pendant leurs cinq à sept premières années en Suisse. Même après dix ans, 52% des réfugiés reconnus n’ont pas de travail.
Jusqu’à présent, les efforts pour mieux intégrer ces migrants ont donné peu de résultats. Seule une quinzaine de réfugiés participe au projet pilote visant à les enrôler dans l’agriculture. La CSIAS demande une vraie offensive pour l’emploi des migrants, avec la création de 5000 places d’initiation professionnelle. Berne veut lever les obstacles légaux qui les empêchent de travailler. Mais le pilotage politique, dans ce domaine éclaté entre Confédération, cantons et communes, reste faible.