Le Temps

Il faut rompre avec le «système Verbier»

- XAVIER LAMBIEL

Quinze constructi­ons analysées, cinquante infraction­s relevées. C’est beaucoup. Pourtant, la ligne de défense du président de la commune valaisanne de Bagnes n’a jamais varié: «Je ne peux pas imaginer qu’il s’agisse d’un système.»

Face à ses administré­s, Eloi Rossier admet que Verbier, la station phare du val de Bagnes, a agi dans l’ i l l égali t é, « pour répondre à un besoin économique » . Mai s il reste convaincu de la bonne foi et de l’intégrité de ses édiles, tout juste coupables «d’oublis, de maladresse­s et de négligence­s».

Dans la vallée des chalets, pourtant, des liens d’intérêts manifestes lient hommes d’affaires et membres de l’exécutif actifs dans la constructi­on. Les acteurs de la promotion immobilièr­e et de la commune se sont unis pour banaliser une pratique qu’ils savaient illégale. Ce large consensus n’a pas suscité beaucoup d’opposition­s. Pour le président, «tant que les entreprise­s de la vallée avaient du travail, personne ne s’est jamais plaint».

Le Service des constructi­ons, la Commission des constructi­ons, la Commission des architecte­s, le Conseil communal, le secrétaire – qui est aussi juriste – et enfin le président: tous ont validé des plans qui contenaien­t différente­s infraction­s. Pire, les travaux réalisés par la suite étaient parfois différents de ceux qui avaient été autorisés. Qu’importe: les contrôles n’ont pas toujours été effectués.

Aux étrangers les plus riches, les architecte­s ont proposé des résidences secondaire­s que personne d’autre ne pouvait bâtir – parce que c’était illégal. Pour gagner un maximum d’argent – jusqu’à 30 000 francs le mètre carré construit neuf –, les maîtres d’oeuvre ont réalisé les rêves les plus fous, creusant de véritables immeubles souterrain­s sous les chalets de Verbier.

Le fait que certaines de ces constructi­ons soient enterrées limite certes l’atteinte au paysage. Mais elles constituen­t une concurrenc­e déloyale et une injustice, puisque seuls les initiés du «système Verbier» pouvaient se permettre de tels dépassemen­ts. A Verbier, la loi n’était pas la même pour tous.

Les Bagnards pourront sanctionne­r ces dérives lors des prochaines élections communales. La commune, elle, doit prononcer des amendes exemplaire­s, pour signifier sa rupture avec l’ère du copinage et du mépris des lois.

Ici, la loi n’était pas la même pour tous

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