Le Temps

Le Web crée des tensions politiques au Cambodge

FACEBOOK Le premier ministre cambodgien, Hun Sen, en place depuis plus de trente ans, est accusé, par son opposant en exil, Sam Rainsy, d’avoir acheté des «like» pour séduire la jeunesse sur sa page FB

- AFP/LT

L’autoritair­e premier ministre cambodgien, Hun Sen, a dû démentir jeudi des rumeurs sur son achat de «like» pour sa page Facebook, ouverte il y a peu pour tenter de conquérir le soutien des jeunes en vue des élections de 2018. Hun Sen, à 63 ans dont plus de trente au pouvoir avec une interrupti­on de cinq ans durant les années 1990, s’est tardivemen­t lancé, en septembre 2015, à l’assaut des réseaux sociaux, via plusieurs applicatio­ns destinées à ceux qui «souhaitent avoir des nouvelles de lui rapidement». Ce dont se charge aussi le compte Twitter parodique @HunSensEye.

Depuis, Hun Sen publie notamment des mises à jour quotidienn­es, évoquant sa vie privée et publique, mettant en scène ses moindres faits et gestes. Sa page, qui compte 3,27 millions de «like», est ainsi devenue l’une des plus dynamiques et des plus populaires du pays. Mais Sam Rainsy – son rival politique en exil et dont la propre page Facebook est évidemment très critique vis-àvis du gouverneme­nt – l’a accusé d’embaucher des étrangers pour créer de faux comptes Facebook et ainsi stimuler artificiel­lement sa popularité sur la Toile.

«Je ne sais pas d’où ces «like» proviennen­t», a expliqué Hun Sen lors d’une cérémonie de remise de diplômes à l’Université de Phnom Penh, évoquant Rainsy, ce «perdant qui n’accepte pas de perdre». Mais d’après le Phnom Penh Post, quotidien cambodgien en l angue anglaise de qualité, près de la moitié des admirateur­s FB de Hun Sen ont des comptes ouverts à l’étranger, principale­ment en Inde.

«Je dois être vraiment fort»

«Si je peux acheter l’Inde, je dois être vraiment fort. Mais je suis juste heureux que moi, Hun Sen, je sois reconnu comme l e premier ministre cambodgien par l es Indiens et des gens dans d’autres pays», a-t-il ajouté, au nom de ce Cambodge qui n’offre de loin pas l’image de la vibrante démocratie pluraliste que les Nations unies avaient essayé d’implanter, en préparant le terrain à des élections libres au sortir de la guerre civile, au début des années 1990.

L’opposant Sam Rainsy et son parti, le Parti du sauvetage national du Cambodge (CNRP), sont présents depuis bien plus longtemps sur les réseaux sociaux et le rival de Hun Sen a, lui, plus de 2,3 millions de «like» sur sa page. Et seulement 785 abonnés à son compte Twitter, @samrainsy, ouvert en décembre 2009 mais où il n’a encore jamais communiqué.

«C’est encore un signe que Hun Sen tente désespérém­ent de mettre un terme à la baisse de sa popularité», selon l’analyste politique cambodgien­ne Ou Virak. Au Cambodge, où des législativ­es doivent avoir lieu en 2018, les relations entre le pouvoir et les partis d’opposition se sont envenimées après les élections de 2013, à la suite desquelles le CNRP avait accusé le parti au pouvoir de fraudes.

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