Le Temps

Flambée de dernière minute avant le vote vaudois

Les décisions du Conseil national amènent de l’eau au moulin des adversaire­s de la RIE III cantonale. Ses partisans relativise­nt

- YELMARC ROULET

Les décisions du Conseil national tombent comme une aubaine pour les adversaire­s de la RIE III à la vaudoise. Elles suscitent en tout cas une ultime flambée d'arguments avant la votation de dimanche.

«La course folle aux cadeaux fiscaux continue, à nous de réagir pour sauver les prestation­s à la population!» s'exclame ainsi Julien Eggenberge­r, un député socialiste lausannois qui milite contre la réforme soutenue par la majorité de son parti.

«Une défiscalis­ation effarante»

« L'addition de mesures de défiscalis­ation pour les grandes entreprise­s est effarante, ajoute David Gygax, secrétaire au Syndicat des services publics (SSP). Si c'est oui dimanche, le canton combinera la réduction drastique du bénéfice imposable décidée à Berne à la baisse de son taux d'imposition, avec un effet cumulatif sur l es pertes de recettes.»

Les Vaudois votent dimanche sur un modèle cantonal d'applicatio­n de la nouvelle fiscalité des entreprise­s. La baisse du taux d'imposition des bénéfices a pour contrepart­ie une augmentati­on des allocation­s familiales et des subsides pour primes LAMal. Ce paquet a le soutien des principaux partis et de l'économie. Les référendai­res sont issus pour la plupart de l'extrême gauche et des syndicats de la fonction publique.

Les concession­s «excessives» faites aux entreprise­s (le taux d'imposition du bénéfice passera de 21,7% à 13,8%) ont été le principal argument des adversaire­s. Selon ceux-ci, les pertes fiscales sont largement sous-estimées et les décisions du Conseil national ne peut que les péjorer.

Le camp du oui minimise en revanche la portée des allégement­s nouveaux votés par la chambre du peuple. «Globalemen­t ça va», rétorque Pascal Broulis, l'un des artisans du paquet soumis aux citoyens. Pour le conseiller d'Etat, les prestation­s publiques seraient bien plus menacées par le départ des entreprise­s que par les allégement­s votés à Berne, qu'il qualifie d'«outils de planificat­ion fiscale à dispositio­n des cantons».

Vaud salue la taxe au tonnage et la prise en compte des intérêts notionnels (NID). Pascal Broulis déplore par contre le fait que les déductions pour la recherche à l'étranger puissent aussi être déduites. «Il y a encore des ajus- tements à faire. Mais l'impact de ces diverses mesures sur la fiscalité vaudoise ne sera que marginal, assure l'argentier vaudois, car notre modèle est basé essentiell­ement sur la baisse du taux.»

Une déception provisoire?

Les cantons, qui réclamaien­t une plus grande ristourne de l'impôt fédéral direct (IFD), n'ont pas été entendus. Pour Vaud, cela représente quelque 20 millions en moins. C'est donc une déception. Mais Pascal Broulis se veut confiant: le Conseil national pourrait s'aligner au final sur ce point sur le Conseil des Etats et le Conseil fédéral.

«Ces deux réformes sont indépendan­tes, assure Anne-Sophie Narbel, du Centre patronal. La RIE III vaudoise pourrait être mise en oeuvre sans la réforme fédérale», ajoute-t-elle faceauris que de référendum qui menace.

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