La RIE III: désastre environnemental
Le débat autour de la troisième réforme des entreprises (RIE III) s’articule principalement autour de ses conséquences sociales et économiques. Si ce débat est capital, il semble qu’il faille lui ajouter une dimension fondamentale en discutant de ses effets sur la politique environnementale de notre pays.
Premièrement, la réforme va provoquer des pertes i mportantes pour l a collectivité publique, tout le monde le reconnaît. Or, n’oublions pas que nous allons au-devant d’une crise environnementale violente, et que sans argent public et sans efforts communs (des entreprises et des individus), il sera très difficile pour la collectivité d’apporter des solutions au désastre environnemental vers lequel nous nous dirigeons.
De plus, qui dit caisses vides dit relance d’une politique de démantèlement et de privatisation des services publics. Mais privatiser des services universels, c’est aussi priver la communauté d’un pouvoir de décision et d’action essentiel au temps ou celle-ci (notamment par l’intermédiaire de l’Etat) se doit d’assurer d’une main forte la transition écologique.
Cette réforme aura deuxièmement pour conséquence d’accroître le dumping fiscal à l’égard des collectivités publiques et des populations de nombreux pays. Elle va permettre à la Suisse, comme nous le promettent ses défenseurs, d’attirer encore plus de grandes entreprises.
Or, les firmes qui accourront sur le sol suisse seront majoritairement des grandes multinationales étrangères non respectueuses de l’environnement (et non, contrairement à ce qu’on en dit, des PME qui ne paient pas l’impôt sur le bénéfice pour la plupart et qui ne tireront aucun avantage de cette réforme).
Les gagnants, ce seront des Monsanto, géant de l’agrobusiness; des Philipp Brothers, négociant mondial de minerais et de métaux; des Vale, géant minier qui exploite sans relâche les ressources de la planète. Et si ces entreprises «se serviront» de la Suisse comme d’un paradis fiscal où on y installe une boîte aux lettres pour maximiser ses revenus, elles n’y emploieront que très peu de personnes dans un secteur qui connaît aujourd’hui peu le chômage. Ce sont elles que cette réforme va attirer et favoriser, il faut en être conscient, et la balance d’intérêt emploi/impact environnemental est loin d’être indiscutable ici.
Il faut dire enfin que cette mécanique, qui incite à la surcompétitivité, renforce la dynamique infernale sur laquelle notre société a lié son destin: la nécessité de l’accumulation illimitée. Dès que la croissance ralentit ou s’arrête – qu’on n’attire plus assez, par exemple – c’est la panique ou la crise. Selon cette logique, les gouvernements sont viscéralement dépendants de la croissance pour réaliser la quadrature du cercle fiscal: couvrir les dépenses nécessaires en baissant les impôts des plus fortunés. Le problème, c’est que cette surcroissance économique se heurte à la finitude de notre biosphère: une croissance infinie est incompatible avec une planète finie, et celles et ceux qui ne perçoivent pas les liens entre fiscalité, croissance et désastre environnemental, s’en rendront malheureusement rapidement compte.
Les gagnants, ce seront des Monsanto, des Philipp Brothers, des Vale