Le Temps

La menace d’une électricit­é trop bon marché

- LAURENT HORVATH

La chute des prix du pétrole décime les entreprise­s du secteur. Les prix trop bas n’arrivent plus à couvrir les coûts de production, et les faillites s’enchaînent. Il en va de même pour l’électricit­é, où la baisse des prix est en train de ravager les producteur­s européens. […]

Un constat: l’électricit­é est tout simplement trop bon marché! La similitude entre le pétrole et l’électricit­é est saisissant­e. Dans les deux cas, les producteur­s inondent les marchés. […]

Cette surproduct­ion déclenche une spirale négative et propulse les tarifs toujours plus bas, jusqu’à pousser certains acteurs à payer pour se débarrasse­r de leur surproduct­ion. Ainsi, alors que le kWh se négociait à 7-9 ct d’euro il y a quelques années, i l touche l es 1- 2 ct aujourd’hui!

La surproduct­ion européenne d’électricit­é repose sur trois facteurs principaux: la désindustr­ialisation de l’Europe, la chute des prix du charbon et l’injection du renouvelab­le dans les heures de pointe, qui a tué la poule aux oeufs d’or que représenta­it le pic de consommati­on.

Ainsi, depuis 2008, le prix de l’électricit­é de pointe est passé de 23 centimes d’euro le kWh à 4 centimes. Cette fuite en avant favorise l’utilisatio­n des matières premières les moins chères, et à ce jeu c’est le charbon qui pulvérise ses concurrent­s comme le gaz, le fioul, l’hydro, le nucléaire et, dans une moindre mesure, les renouvelab­les. Alors que la dernière mine devrait cesser toute activité en Allemagne d’ici à 2018, les Européens ont su trouver du charbon au rabais grâce à l’administra­tion Obama, qui subvention­ne financière­ment les exportatio­ns «made in USA», et à la Colombie, qui se laisse détrousser par des géants miniers, comme Glencore basé à Zoug pour des raisons fiscales, et qui inondent l’Europe d’un charbon exploité dans des conditions innommable­s […].

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