Pour guérir l’assurance maladie
Des caisses de compensation cantonales dans l’assurance maladie: une bonne idée? Oui, nous l’affirmons, mais sans exclure toute autre solution susceptible de résoudre les problèmes de notre système d’assurance.
Si nous nous étions contentés d’avoir raison dans notre coin, nous n’aurions certainement pas pris le risque de lancer une consultation publique! Comme le statu quo n’est pas une option, il est avant tout essentiel d’opposer à l’immobilisme ambiant un élan de réforme et d’innovation.
Car, si le rejet de la caisse publique au niveau national (en dépit du oui romand) était riche d’enseignements, la campagne a aussi fait ressortir un vaste consensus sur le besoin de réformer l’assurance maladie. L’évolution du dossier au niveau politique n’a fait que confirmer le besoin d’agir et a stimulé la créativité des responsables politiques et des représentants des assurés et des soignants que la FRC a réunis depuis plus d’un an autour de tables rondes.
Ce processus participatif et non partisan se poursuit à présent par une consultation nationale qui veut dialoguer par-dessus les «lignes de démarcation» idéologiques traditionnelles.
Nous soumettons à l’examen un texte qui puise sa solidité dans la représentativité du groupe qui l’a imaginé et nous tenons là un vrai compromis «à la suisse», qui réunit le meilleur du service public et du libre marché. Etant fédéraliste, la solution proposée garantit une démocratie « de proximité » , puisque l es citoyens de chaque canton auront le choix d’adopter ou non ce système sur leur territoire.
Très ouvert, le texte offre une large marge de manoeuvre aux cantons et la clé de voûte du système pourra par exemple être une institution aussi bien de droit public que de droit privé. Le projet ne propose pas de « s aut dans l’inconnu » , mais s’inspire d’un dispositif qui a f ait ses preuves dans l’assurance chômage et l’AVS. Avec une caisse de compensation cantonale ou régionale, qui encaisse les primes et paie les factures, le lien entre coûts et primes devient transparent, ce qui incite les assurés à demander des comptes à leurs autorités à chaque augmentation de prime.
Egalement bon pour les primes: les réserves diminuent drastiquement grâce à leur mutualisation et ne sont plus créées artificiellement au gré des mouvements d’assurés. La centralisation des réserves de tous les assurés rend aussi inutile l’«usine à gaz» de la compensation des risques, inefficace et chère.
On garde par contre les aspects auxquels les assurés sont attachés, comme les classes de primes, les franchises à choix et les modèles alternatifs (médecin de famille, etc.). Les caisses actuelles demeurant en activité, il est toujours possible de grouper base et complémentaires au sein de la même compagnie.
L’assuré s’épargne par contre l’exercice pénible et vain de changer chaque année d’assureur pour «courir derrière» la meilleure prime: la concurrence se déplace donc du domaine de la prime vers celui de la qualité du service. La combinaison caisse de compensation-caisses maladie permet en outre de conserver le savoir-faire et l’emploi du personnel qualifié des caisses.
Le projet élimine surtout l’aspect le plus choquant du système: la chasse aux bons risques. Comme l’institution doit par définition accueillir tous les assurés d’un canton ou d’une région, elle peut adopter une vision à long terme, là où l’horizon actuel des caisses est à un an. La prévention des maladies, tout comme la gestion des cas lourds et des maladies chroniques, deviennt alors rentable et investir dans ce domaine permet de réaliser à moyen terme des économies substantielles, sans rationnement ni atteinte à la liberté des assurés. Une vraie «assurance santé», au service de tous.