Le Temps

Tollé après la nomination de Barroso chez Goldman Sachs

La banque américaine a recruté le Portugais pour la conseiller sur l’après-Brexit

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«Sans honte», «indécent», un «bras d’honneur»: une pluie de critiques s’est abattue samedi en France et au Portugal sur l’ex-président de la Commission européenne José Manuel Barroso, qui va rejoindre la banque d’affaires américaine Goldman Sachs.

En France, plusieurs voix de gauche, jusqu’au sein du gouverneme­nt, ont protesté contre son embauche par une banque à la réputation sulfureuse, notamment en raison de son rôle dans la crise des «subprime» en 2008 et parce qu’elle avait aidé, au début des années 2000, l’Etat grec à masquer ses déficits pour rester dans l’euro.

«Conflit d’intérêts»

Les eurodéputé­s socialiste­s français ont jugé «scandaleux» ce «nouveau pantouflag­e, qui ressemble fort à un conflit d’intérêts». «Nous exigeons une révision des règles pour empêcher de tels recrutemen­ts d’anciens commissair­es européens», ont-ils écrit dans un communiqué. Même indignatio­n à Lisbonne, dans les rangs du Parti socialiste au pouvoir et de ses alliés de la gauche radicale. «Cette nomination montre que l’élite européenne dont fait partie Barroso n’a aucune honte», a ainsi réagi Pedro Filipe Soares, chef de file parlementa­ire du Bloc de gauche.

Premier ministre du Portugal de 2002 à 2004, José Manuel Barroso a occupé la présidence de la Commission européenne de 2004 à 2014, période durant laquelle l’Europe, secouée par la crise financière de 2008, a été perçue comme libérale et sans grand dessein. La banque Goldman Sachs a annoncé vendredi l’avoir engagé pour la conseiller, alors que la sortie du Royaume-Uni de l’UE devrait avoir des impacts sur le monde financier. Barroso se justifie

«Si l’on reste dans la vie politique, on est critiqué pour vivre aux crochets de l’Etat, si l’on va dans le privé, on est critiqué pour tirer profit de l’expérience acquise dans la politique», a expliqué José Manuel Barroso à l’hebdomadai­re portugais Expresso, balayant tous les reproches. Mais la presse française estime que cette nomination tombe au plus mal. «L’image de l’Union européenne, qui n’est pas folichonne en ce moment, n’avait pas besoin de cela», écrit samedi l’hebdomadai­re français L’Obs.

«C’est, au pire moment, un symbole désastreux pour l’Union et une aubaine pour les europhobes», renchérit le quotidien de gauche Libération, qui dénonce sur son site internet un «bras d’honneur à l’Europe».

La présidente du parti d’extrême droite Front national, Marine Le Pen, a d’ailleurs estimé sur Twitter que la nouvelle n’avait «rien d’étonnant pour ceux qui savent que l’UE ne sert pas les peuples mais la grande finance». José Manuel Barroso n’a enfreint aucune règle, puisque au-delà de dix-huit mois après la fin de leur mandat rien n’oblige les anciens membres de la Commission à rendre des comptes, a pour sa part souligné cette institutio­n.

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JOSÉ MANUEL BARROSO ANCIEN PRÉSIDENT DE LA COMMISSION EUROPÉENNE

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