Le Temps

L’once d’or peut-elle atteindre 2017 dollars dès 2017?

-

Après le Brexit, les incertitud­es politiques, économique­s et sociales militent, entre autres, pour une hausse durable du cours de l’or

Dès l’annonce des résultats du référendum anglais, l’or a affiché, en une seule journée, une hausse de 60 dollars. Le métal jaune monte en réalité depuis décembre 2015: +29% en dollar, +26% en euro, +26% en franc – ce qui est mieux que des intérêts négatifs! En livre sterling, la hausse atteint +44%, ce qui démontre, une fois encore, qu’en cas de crise la valeur refuge fonctionne toujours bien! Le fait que l’or brille dans toutes les monnaies est la signature d’un grand marché haussier. Le métal jaune reprend son statut de véritable monnaie. Comme l’assure Dave Floyd d’Aspen Trading: «Si vous n’avez pas d’or, c’est que vous ne prêtez pas attention aux marchés!» Le vote anglais a mis en exergue les problèmes politiques, économique­s et sociaux. Le mécontente­ment populaire est profond et touche toutes nos démocratie­s. C’est lui qui explique la montée des populismes partout en Europe et aux Etats-Unis. Devant les chiffres de croissance anémiques, les gouverneme­nts vont poursuivre leurs politiques monétaires laxistes et renoncer, même aux Etats-Unis, à une hausse des taux.

D’après Ronald Peter Stoeferle d’Incrementu­m, qui publie gratuiteme­nt chaque année la meilleure étude exhaustive sur l’or, les niveaux d’endettemen­t des gouverneme­nts, des ménages et des entreprise­s ne cessent d’augmenter. Aux Etats-Unis, cette dette totale était de 185% du produit national brut (PNB) en 2000 pour atteindre 248% aujourd’hui. Ce gestionnai­re a également calculé que cette dette s’élève à 270% du PNB dans la zone euro et à 414% au Japon. Il ajoute: «Si le programme européen d’expansion monétaire continue comme prévu, cela correspond­rait à la valeur de 21609 tonnes d’or, soit 12% des stocks mondiaux (183000 tonnes) – soit plus de 6 fois la production annuelle (de 3186 tonnes)!

Autre absurdité contempora­ine: les taux d’intérêt négatifs. Depuis 5000 ans, les taux d’intérêt n’ont jamais été si bas! Le Japon, la zone euro, la Suisse, la Suède et le Danemark s’enorgueill­issent de taux négatifs à hauteur de 8 trillions de dollars d’obligation­s d’Etat. Le jour où cette bulle obligatair­e explosera, le rôle d’assurance de l’or dans les portefeuil­les ne sera plus à débattre. Comme le résumait dès 2015 Ray Dalio, le gestionnai­re d’un des plus célèbres hedge funds du monde: «Si vous ne possédez pas d’or, vous ne connaissez ni l’histoire, ni l’économie.»

La production aurifère devrait atteindre son apogée cette année, avant de baisser, d’après Crédit Suisse, de 7% d’ici à 2018. Il n’y a pas eu de grandes découverte­s aurifères depuis de très nombreuses années. Avec la baisse du prix du lingot depuis 2011, les dépenses d’exploratio­n ont été fortement réduites et il faut plus de dix années pour mettre une mine en production… En face, la demande croît. Les banques centrales achètent quelque 500 tonnes par an. La demande physique en provenance de Chine et d’Inde reste très forte. Enfin, la demande d’investisse­ment refait surface avec une collecte de 489 tonnes d’or dans les divers ETF d’or physique rien que pour le premier trimestre 2016.

Les obligation­s n’offrent plus de rendement. L’immobilier baisse dans la plupart des pays. Les bourses, enfin, demeurent très surévaluée­s. Il n’est donc pas étonnant de constater le début d’une augmentati­on de l’allocation d’actifs consacrés à l’or et aux mines d’or qui, après leur descente aux enfers, restent historique­ment sous évaluées par rapport au métal.

La «smart money» semble mener le bal. Le célèbre gestionnai­re Stan Druckenmil­ler vient de déclarer que l’or représente la monnaie tenant la plus grande place dans son portefeuil­le et George Soros a également augmenté ses positions en or et mines d’or au premier trimestre 2016.

Il semble donc qu’après une correction de près de 45% de 2011 à 2015, le grand marché haussier de l’or a repris ses droits. La force de cette reprise devrait pouvoir le propulser au-delà de 1920 dollars, son plus haut de 2011. Alors pourquoi pas 2017 dollars dès 2017!

Newspapers in French

Newspapers from Switzerland