Le Temps

Les bancaires souffrent du Brexit, opportunit­é ou menace pour les marchés?

-

Les valeurs bancaires européenne­s, qui n’affichaien­t déjà pas une grande forme depuis le début de l’année, sont les premières victimes du Brexit, si l’on exclut la livre sterling évidemment.

Incertitud­es, nouvelles pressions à la baisse sur les marges dans le sillage de la chute des taux et besoin de recapitali­sation sont autant de raisons de l’accélérati­on de la tendance baissière sur les titres bancaires. L’adjonction des problèmes récents de certains fonds immobilier­s britanniqu­es, qui ont dû suspendre le remboursem­ent de leurs parts, a constitué la «cerise sur le gâteau» et conduit l’indice des valeurs bancaires du Vieux Continent à tester les bas de 2012.

Les financière­s italiennes sont dans l’oeil du cyclone, confirmant que le plan Atlas lancé par Matteo Renzi était un «pétard mouillé» incapable de résoudre le problème de l’excès de crédits douteux dans le système bancaire de la Péninsule. La tentation de recourir à une recapitali­sation est grande et, à l’image des propos récents de Philipp Hildebrand dans le Financial Times, on doit considérer qu’elle est inévitable. Le problème c’est que la tentative de «passage en force» de Matteo Renzi dans le sillage du Brexit n’a pas plu à Angela Merkel et donc au marché. La chancelièr­e a eu beau jeu de rappeler que les règles de l’Union bancaire interdisen­t désormais de telles pratiques. Voilà donc l’Italie et l’Europe au coeur d’un dilemme qu’il va falloir résoudre rapidement: le pragmatism­e du vice-président de BlackRock ou l’intransige­ance de l’Allemagne?

Dogmatisme ou pragmatism­e?

En fonction du camp vainqueur, le résultat variera sensibleme­nt. L’attachemen­t aux principes risque de favoriser des conséquenc­es désastreus­es. Le Brexit n’est initialeme­nt que le symbole d’une crise politique, certes profonde, mais pas davantage. Prendre le risque d’une crise bancaire italienne sous couvert de respect de l’Union bancaire peut générer une crise de solvabilit­é dont les effets seraient dévastateu­rs et de nature à nourrir une poursuite de l’effondreme­nt des cours des valeurs financière­s. A contrario, le pragmatism­e, peut-être sous la forme d’un plan de titrisatio­n et de recapitali­sation des banques italiennes, peut rassurer des investisse­urs qui ont déjà suffisamme­nt d’incertitud­es à gérer.

En conclusion, les prochaines semaines devront conduire à une solution à la question brûlante des banques italiennes. Selon la solution choisie, il pourrait s’agir d’une opportunit­é, au moins tactique, de se reposition­ner globalemen­t sur les valeurs d’un secteur dont l’évaluation est très dépréciée. A contrario, un choix dogmatique et intransige­ant de l’Allemagne ouvrirait une boîte de Pandore de nature à inciter l’investisse­ur à adopter une attitude encore plus défensive sur les bourses internatio­nales.

 ??  ??

Newspapers in French

Newspapers from Switzerland