Le Temps

Theresa May succédera à David Cameron à la tête du gouverneme­nt dès demain

Il n’y aura finalement pas de bataille interne au Parti conservate­ur pour désigner le nouveau premier ministre et successeur de David Cameron. La nomination de Theresa May à Downing Street doit intervenir d’ici à mercredi soir

- AMANDINE ALEXANDRE, LONDRES @AmandinLon­don

«Brexit signifie Brexit, et nous en ferons un succès» THERESA MAY, FUTURE PREMIÈRE MINISTRE

Depuis trois semaines, rien ne se déroule comme prévu au Royaume-Uni, comme si la victoire du Brexit au référendum du 23 juin avait fondamenta­lement détraqué les rouages de la politique britanniqu­e. Lundi, la course à la succession de David Cameron, qui devait s’achever le 9 septembre prochain, s’est arrêtée de manière précipitée et inattendue avec le retrait de la course d’Andrea Leadsom, l’une des deux candidates au poste de premier ministre.

La secrétaire d’Etat à l’Energie laisse ainsi le champ libre à la ministre de l’Intérieur Theresa May. La nomination officielle de cette dernière à Downing Street par la reine Elisabeth II n’est plus qu’une question d’heures. La passation de pouvoirs avec le premier ministre démissionn­aire devrait intervenir d’ici à demain soir, a assuré lundi après-midi David Cameron lui-même.

Plus de rivale

Quelques heures plus tôt, Andrea Leadsom, qui s’est fait un nom à la faveur de la campagne pour la sortie du Royaume-Uni de l’Union européenne (UE), avait annoncé qu’elle n’était plus candidate au leadership conservate­ur. La secrétaire d’Etat à l’Energie a fait connaître sa décision à la suite d’un week-end très préjudicia­ble à sa candidatur­e. Dans la foulée, les instances du groupe parlementa­ire conservate­ur à la Chambre des communes ont confirmé que, en l’absence de rival(e), Theresa May était désormais la seule personne en mesure de prendre la succession de David Cameron.

Theresa May est donc propulsée à la tête des tories et à la tête du pays. Ce sont les 150000 membres du Parti conservate­ur qui auraient dû départager les deux candidates au mois de septembre.

Cette diplômée d’Oxford, qui a travaillé un temps pour la Banque d’Angleterre, a appris la nouvelle alors qu’elle était en route pour Londres. Depuis la voiture qui la ramenait de Birmingham, où elle venait de donner le coup d’envoi de sa campagne, Theresa May a fait savoir qu’elle se sentait «extrêmemen­t honorée» de la mission qui l’attend désormais.

«Pas de porte dérobée»

Il reviendra donc à Theresa May, qui avait timidement fait campagne pour le «Remain», de mettre en oeuvre la sortie du Royaume-Uni de l’UE. Lundi, lors de son discours à Birmingham, la future première ministre a averti que le Brexit aurait bien lieu. «Je ne saurais être plus claire: il n’y aura pas de tentative pour rester au sein de l’UE. Il n’y aura pas de tenta- tive de revenir par la porte dérobée», a-t-elle lancé, ajoutant: «Brexit signifie Brexit, et nous en ferons un succès.»

Depuis le coup d’envoi de l’élection interne au Parti conservate­ur le 30 juin, la ministre de l’Intérieur a toujours été considérée par les médias comme la mieux placée pour remporter le scrutin et prendre les rênes du pays en cette période de grande instabilit­é. Theresa May, 59 ans, dispose de six ans d’expérience gouverneme­ntale.

Gaffes dans les médias

Face à elle, Andrea Leadsom, élue députée en 2010, a toujours fait figure de novice en politique. Malgré tout, cette partisane du Brexit, inconnue du grand public jusque très récemment, pouvait se vanter de compter sur l’appui enthousias­te de l’aile la plus à droite du parti. La candidatur­e de la secrétaire d’Etat à l’Energie présentait cependant de sérieuses failles. Celles-ci sont apparues au grand jour la semaine dernière.

Sous la pression des médias, jeudi, Andrea Leadsom avait été obligée d’apporter des clarificat­ions sur son expérience profession­nelle dans le secteur de la finance.

Mais le coup de grâce est venu d’une interview publiée samedi dans les colonnes du Times. La députée, mère de trois enfants, a affirmé au journal que son statut de mère lui conférait un avantage sur Theresa May, mariée sans enfants, alors même que la ministre de l’Intérieur avait révélé son infertilit­é dans une interview au Mail on Sunday six jours auparavant.

Face aux réactions outrées provoquées par l’entretien, Andrea Leadsom a accusé le Times d’avoir déformé ses propos. La diffusion de la bande sonore de l’entretien sur la BBC samedi matin a mis en évidence la mauvaise foi d’Andrea Leadsom et son manque d’expérience en matière de communicat­ion.

Lundi, pour justifier son retrait de la course au poste de premier ministre, la secrétaire d’Etat à l’Energie a omis de faire référence à ce raté magistral. Andrea Leadsom a préféré pointer du doigt le faible soutien dont elle dispose parmi ses collègues députés. «Les deux tiers du groupe parlementa­ire (conservate­ur) sont derrière Theresa May. Elle est idéalement placée pour mettre en oeuvre le Brexit, dans les meilleures conditions possible pour les Britanniqu­es», a affirmé la députée conservatr­ice.■

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(DUKAS/EYEVINE) Propulsée à la tête du Royaume-Uni, Theresa May a fait savoir qu’elle se sentait «extrêmemen­t honorée» de la mission qui l’attend désormais.

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