Le concept du «vol à gogo» débarque en Suisse
La start-up californienne Surf Air s’attaque à l’Europe. La compagnie qui a acheté 65 Pilatus PC-12 NG annonce des liaisons à Genève et à Zurich dès octobre prochain
Voilà plus d’un demi-siècle, le cocktail champagne-kérosène donnait naissance à l’expression «jet-set». Mais une autre catégorie d’amateurs de vols privés, moins fortunés, est en train d’émerger depuis 2013: les «propeller-set» (littéralement, la société des gens qui se déplacent en avions à hélices), une communauté moins argentée. A l’origine de cette nouvelle tendance se trouve la start-up californienne Surf Air, qui lorgne aujourd’hui le marché européen.
Cette dernière a passé commande en 2014 de 65 appareils à l’avionneur nidwaldien Pilatus. Soit l’achat de 15 PC-12 NG, pour 283 millions de francs, ainsi qu’une option pour 50 autres modèles, le tout étant livrable jusqu’en 2019.
Un «club» helvétique prometteur
Surf Air a ouvert en janvier dernier un bureau à Londres. Selon le Financial Times, la société californienne entend lancer dès octobre prochain son offre de «vols à gogo» entre Londres, Zurich, Genève et Cannes. Paris, Dublin, Berlin, Amsterdam et Barcelone devraient suivre en 2017. «Nous pensons que notre concept sera encore plus efficace sur le Vieux Continent, en raison d’un nombre élevé de villes géographiquement proches et d’un plus grand degré de frustration liée à la logistique aéroportuaire», relève dans les colonnes du quotidien anglo-saxon Simon Talling-Smith, directeur général de Surf Air Europe. Et cet ex-dirigeant de British Airways durant vingt-deux ans de préciser à nos confrères de Travel Inside: «Pour la Suisse, je m’attends à plusieurs centaines de membres d’ici à un an. Et pour l’Europe, certainement plus de 1000 au total.»
Le modèle d’affaires de Surf Air: au lieu de billets, les passagers paient un forfait mensuel (moins de 2000 francs) et volent autant de fois qu’ils le souhaitent. Plutôt que d’utiliser des terminaux bondés, Surf Air préfère desservir des tarmacs secondaires, évitant ainsi les problèmes de parking pour les voitures et autres files d’attente pour les usagers. Les membres du «club» – ils sont pour l’heure 3000 outre-Atlantique, en croissance de plus de 300% par an – subissent par ailleurs un «dépistage de sûreté» en amont, ce qui fluidifie leur accès aux portiques de contrôle et leur permet de se présenter 15 minutes à peine avant leur décollage.
«Si vous souhaitez voler avec nous 20 fois par mois, c’est possible, résume Peter Evans, responsable opérationnel pour Surf Air Europe. L’un de nos clients réguliers en Californie a déjà emprunté nos services 26 fois en 30 jours.»
Les revers du «All you can fly»
D’autres acteurs de l’aéronautique privée ont depuis emboîté le pas à Surf Air, qui estime pouvoir être rentable dès le prochain trimestre. C’est le cas notamment de Fly Club Air en Grande-Bretagne, d’Airly en Australie, de Beacon depuis New York et de Take Air entre Anvers et Zurich. Les deux premières sont sur le point de lancer leurs opérations. Les deux autres ont déjà fait faillite, après moins d’une année d’activité.