Le Temps

«On s’est tiré une balle dans le pied le 9 février»

- PROPOS RECUEILLIS PAR S.R.

Le conseiller d’Etat Philippe Leuba décrit comment le canton de Vaud tente de demeurer attractif auprès des multinatio­nales

Vos services ont négocié l’implantati­on de Becton Dickinson (BD) dans un climat d’incertitud­es liées à la votation du 9 février sur l’immigratio­n, à la fiscalité des entreprise­s et à la force du franc. Comment avez-vous rassuré les dirigeants de cette multinatio­nale? Nous avons travaillé pendant près d’un an sur ce dossier. Les dirigeants de BD connaissai­ent déjà la Suisse et le canton de Vaud, après l’acquisitio­n l’an dernier de CareFusion, à Rolle. A la suite de la votation du 9 février, nous étions effectivem­ent face aux trois importante­s incertitud­es que vous mentionnez. Notre canton a très nettement réglé la problémati­que fiscale, en adoptant un taux d’imposition des entreprise­s de 13,7 %, très compétitif au niveau internatio­nal, même s’il est légèrement supérieur à celui de l’Irlande.

Restent les questions du franc fort et du recours à la maind’oeuvre étrangère. Concernant la votation du 9 février, nous bataillons pour un système d’applicatio­n qui soit compatible avec les bilatérale­s. Enfin, la question du taux de change du franc relève de problémati­ques mondiales, sur lesquelles les autorités cantonales n’ont aucune prise. Mais de manière générale, la Suisse subit moins d’incertitud­es que le reste du monde: l’avenir de l’Union européenne est incertain, on ignore ce qui sortira des élections présidenti­elles américaine­s. Je regrette quand même qu’avec la votation du 9 février, nous nous sommes tiré une balle dans le pied. Sans cette votation, nous serions extrêmemen­t concurrent­iels. A la suite du vote sur le Brexit, vos services démarchent-ils déjà des entreprise­s britanniqu­es qui pourraient s’implanter en Suisse? Nous sommes encore dans l’analyse des conséquenc­es de la décision des Britanniqu­es de sortir de l’Union européenne. Le jour du résultat, j’ai participé à une séance à la Banque Cantonale Vaudoise pour établir si l’euro allait baisser et le franc remonter. C’est un point capital pour l’économie vaudoise, qui génère un franc sur deux par ses exportatio­ns, dont la moitié par ses ventes à destinatio­n de la zone euro. Nous avons par la suite créé un groupe de travail au sein du Départemen­t de l’économie et du sport. Nous avons besoin d’une politique extrêmemen­t réactive à la suite du Brexit.

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PHILIPPE LEUBA CONSEILLER D‘ÉTAT

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