Le Temps

«Pokémon» redonne le sourire aux dirigeants de Nintendo

- SÉBASTIEN DUBAS @sebdubas

Le fabricant japonais connaît son premier succès sur le marché des jeux pour téléphones portables grâce à «Pokémon Go». Des débuts prometteur­s salués par les investisse­urs

Sorti mercredi dernier dans trois pays – les Etats-Unis, l’Australie et la Nouvelle-Zélande – Pokémon Go connaît déjà un grand succès malgré des soucis techniques (serveurs surchargés) rencontrés au Japon et en Europe. Développé par Niantic, un spin-off de Google dans lequel Nintendo a investi plusieurs millions de dollars l’année dernière, ce jeu pour téléphone portable s’est installé en tête des télécharge­ments, selon la société de recherche App Annie.

Ce départ en fanfare a été salué par les investisse­urs. Après un gain de 13% en deux séances la semaine dernière, l’action Nintendo a bondi de 25% lundi à Tokyo. Un record depuis son introducti­on en bourse en 1983.

Un tournant historique

Il faut dire que le fabricant japonais part de loin. Le cours de son action, qui avait dépassé les 70000 yens en 2007, se négociait lundi autour des 20000 yens. Nintendo a en outre vu son bénéfice net chuter de 61% lors du dernier exercice annuel, à 16,5 milliards de yens (156 millions de francs environ).

Reste que Pokémon Go peut redonner le sourire aux dirigeants de la société basée à Kyoto. D’autant plus qu’il représente un tournant qu’ils s’étaient longtemps refusé à prendre malgré la pression des investisse­urs et des consommate­urs: celui du mobile.

Un tournant qui a été initié en mars avec la sortie de Miitomo, un réseau social ludique dans lequel il faut créer son avatar. Mais malgré des débuts prometteur­s, avec 10 millions d’utilisateu­rs le premier mois, les télécharge­ments s’étaient rapidement essoufflés. Selon le site spécialisé Priori Data, il n’aurait d’ailleurs rapporté qu’un million de dollars à ce jour.

Pokémon Go, lui, va plus loin dans l’innovation. Le jeu repose sur la réalité augmentée. Les utilisateu­rs sont ainsi amenés à attraper des Pokémon dans de vrais lieux grâce au système de géolocalis­ation de leur téléphone portable. Ils doivent ensuite prendre en photo la créature pour valider sa capture.

Sur Internet, certains joueurs racontent en avoir trouvé aux toilettes ou dans des commissari­ats. D’autres, ont dû prendre un kayak pour leur mettre la main dessus, tandis que des malfrats dans le Missouri auraient même utilisé l’applicatio­n pour attirer des proies (humaines) dans un guetapens et les détrousser.

En attendant Mario et Zelda?

Disponible sur iPhone et Android, l’applicatio­n est gratuite. Les joueurs peuvent toutefois payer pour débloquer certaines fonctions supplément­aires.

Si c’est la première fois qu’un jeu pour smartphone créé un tel buzz, Nintendo aura besoin de davantage pour sortir la tête de l’eau. Car le groupe est à la peine et – en attendant la sortie de la console NX l’année prochaine – il n’espère guère vendre plus de 800000 Wii U cette année. Contre 3,26 millions l’année passée.

Il mise donc plus que jamais sur le marché des jeux pour téléphone portable et prévoit d’en sortir trois nouveaux d’ici à mars 2017. Les utilisateu­rs, eux, attendent surtout que Mario et Zelda fassent leur apparition sur les petits écrans.

L’action Nintendo a bondi de 25% lundi à la bourse de Tokyo

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