Le Temps

Voitures autonomes: du fantasme à la réalité

- ANOUCH SEYDTAGHIA @Anouch

La voiture autonome ressemblai­t, il y a quelques mois encore, à un doux fantasme d’ingénieur. Il y avait bien sûr ces véhicules en forme d’oeuf élaborés par Google. Et il y a toujours le mystère autour du projet secret «Titan» d’Apple, qui aurait engagé un millier d’employés pour concevoir un nouveau véhicule.

Mais mi-2016, la voiture autonome semble déjà à portée de main. D’ici à quatre ou cinq ans, elle sera commercial­isée à large échelle grâce aux progrès colossaux réalisés par la concurrenc­e redoublée entre des acteurs issus de trois mondes très différents. Il y a les géants de la tech, tels le chinois Baidu ou Google – mine de rien, ce dernier a déjà fait rouler ses voitures sur plus de deux millions de kilomètres. Il y a aussi les constructe­urs traditionn­els, emmenés par General Motors et Volvo, secoués par les progrès de Tesla, qui investisse­nt des centaines de millions de dollars en technologi­e. Et il y a enfin les nouveaux venus du transport, tels Uber et Lyft, désireux de se passer au plus vite de leurs chauffeurs.

Un tel cocktail de concurrenc­e fait avancer très vite la technologi­e. Mais n’idéalisons pas l’avenir. Si Google affirme que 94% des accidents, aux EtatsUnis, sont le fait d’erreurs humaines, la voiture autonome ne résoudra pas tous les problèmes. De l’avis d’experts, le véhicule sera plutôt semi-autonome. Car la technologi­e induit de nouveaux risques. Un exemple: la voiture est proche d’emboutir un semi-remorque qui freine brusquemen­t. Que doit faire le système embarqué? Déporter la voiture sur la gauche et écraser, sur le bord de la route, une mère de famille et ses deux enfants? Ou virer à droite et heurter un motard qui porte un casque? Ou poursuivre tout droit dans le camion, sachant que la voiture, solide, offre dans ce cas 86% de chances de survie au conducteur?

Le législateu­r aura un rôle capital pour encadrer le développem­ent de la voiture autonome. Et il faudra que les autorités réfléchiss­ent sans contrainte­s. Aux Etats-Unis, ce n’est pas toujours le cas: le lobby de la voiture autonome exerce aujourd’hui une pression considérab­le sur certains Etats pour qu’ils assoupliss­ent leur législatio­n.

La voiture autonome ou semi-autonome a beaucoup à nous apporter. Mais ces progrès doivent s’accompagne­r, dès maintenant, de profondes réflexions.

Le législateu­r aura un rôle capital à jouer

Newspapers in French

Newspapers from Switzerland