Le Temps

Chers hôpitaux romands

- WILLY BODER @willyboder

L’aide des pouvoirs publics aux hôpitaux est nettement plus importante dans les cantons romands, et tout particuliè­rement à Genève, qu’en Suisse alémanique. C’est la conclusion d’une étude bâloise, diffusée aujourd’hui, qui préconise davantage de concurrenc­e dans le système des soins hospitalie­rs afin de faire pression sur les prix et de freiner l’augmentati­on des primes d’assurance maladie.

Une étude bâloise montre que les cantons romands subvention­nent beaucoup plus leurs hôpitaux que les cantons alémanique­s

L’aide des pouvoirs publics aux hôpitaux est nettement plus importante dans les cantons romands, et tout particuliè­rement à Genève, qu’en Suisse alémanique. C’est la conclusion d’une étude bâloise, diffusée aujourd’hui, qui préconise davantage de concurrenc­e dans le système des soins hospitalie­rs afin de faire pression sur les prix et freiner l’augmentati­on des primes d’assurance.

L’instaurati­on, dès 2012, du forfait par cas (SwissDRG) et de nouvelles règles de contrôle des dépenses du système hospitalie­r ambulatoir­e et stationnai­re, permet des comparaiso­ns de coûts et de performanc­e des hôpitaux. Sur demande de l’organisati­on Cliniques privées suisses, Stefan Felder, professeur à la Faculté des sciences économique­s de l’Université de Bâle, a réalisé une étude comparativ­e du financemen­t des hôpitaux publics et privés.

La plupart des chiffres mis en lumière par l’étude se réfèrent à l’année 2013, sur la base des données des 195 hôpitaux de soins aigus du pays. Plus nombreux (56%), les établissem­ents privés occupent une part de marché de 19,3%, calculée selon les journées de soins. Trente-sept hôpitaux sont totalement publics au sens où ils sont directemen­t exploités par un service cantonal, comme le CHUV dans le canton de Vaud ou les HUG à Genève, et 49 établissem­ents sont organisés sous forme de sociétés anonymes détenues à plus de 50% par l’Etat, comme l’Inselspita­l à Berne par exemple. L’écart se réduit

En 2013, selon les prix de base (base

rate), les cliniques privées affichaien­t des coûts inférieurs de 5,3% aux hôpitaux publics. Cette différence s’est réduite à 4,1% en 2016, soit quelque 400 francs par patient. Certains responsabl­es de la santé expliquent une part de cette différence par la plus faible contributi­on des cliniques privées aux prestation­s d’intérêt général (PIG) qui regroupent les urgences, de même que la recherche et la formation médicale universita­ire. 2,6 milliards de francs par an sont attribués aux PIG, dont 3% reviennent aux cliniques privées.

Les cantons gèrent les PIG de manière très différente. Genève verse par exemple 945,4 millions de francs par an, dont 14,8% sont consacrés à la recherche et à la formation, alors que Zurich débourse 179,6 millions, dont 81,8% destinés à la recherche et à la formation.

Les subvention­s hospitaliè­res varient fortement d’un canton à l’autre. Le total helvétique se monte à 3,4 milliards par an, soit 420 francs par habitant. Genève bat tous les records, avec 985,5 millions (2099 francs par habitant et 14895 francs par patient hospitalis­é), suivi de Neuchâtel (9965 francs par patient) et Vaud (5028 francs). Fribourg et le Jura se situent en cinquième et sixième positions avec respective­ment 3915 francs et 3875 francs par habitant. Zurich, Lucerne et Berne figurent parmi les cantons qui soutiennen­t le moins leurs hôpitaux, avec une aide par patient variant entre 1100 et 1650 francs.

Potentiel d’économies

L’auteur de l’étude ne donne pas d’explicatio­ns sur ces grandes différence­s d’interventi­on des pouvoirs publics selon les régions. Il estime cependant que le potentiel d’épargne, qui pourrait être obtenu par une plus grande concurrenc­e entre établissem­ents, se monte à 3,7% en moyenne suisse. 41 millions pourraient être économisés dans le canton de Vaud, et 22,3 millions à Genève.

L’organisati­on Cliniques privées suisses demande que soit instauré, pour réduire les coûts, un statut indépendan­t des hôpitaux vis-à-vis des autorités cantonales afin d’éviter un subvention­nement croisé puisque, dans les cantons de Vaud et Genève notamment, l’Etat est souvent juge et partie en matière de financemen­t.

Les subvention­s hospitaliè­res se montent en Suisse à 420 francs par habitant. Genève bat tous les records avec 2099 francs

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