Le renouveau du FC Sion
Les Sédunois n’ont pas été brillants contre Thoune mais ont assuré l’essentiel: une deuxième victoire consécutive depuis l’arrivée du nouvel entraîneur Peter Zeidler
Six points en deux matches. Depuis l’arrivée de son nouvel entraîneur Peter Zeidler, le FC Sion, vainqueur hier de Thoune, retrouve des couleurs. Et un rang qui correspond mieux aux ambitions du club.
Peter Zeidler est un homme courtois. Pas du genre à rentrer dans le lard d’un journaliste un peu critique. Le FC Sion a gagné, mais cela a été dur en deuxième période, non? «Cela a été très dur, vous avez parfaitement raison», corrige l’entraîneur. Lors du match précédent, votre équipe n’avait-elle pas montré davantage d’envie en phase offensive? «C’est correct. Je vais devoir analyser cela cette semaine», admet-il. Mais à chaque fois, avec un sourire sans arrogance, il rappelle une vérité: «Nous en sommes à six points en deux matches. Même Mourinho ou Guardiola ne peuvent pas faire mieux. Alors les choses ne vont pas si mal.»
Six points en deux matches, c’est-àdire depuis son arrivée en Valais. Une victoire convaincante contre Vaduz voilà quinze jours (3-1), une autre plus pénible face à Thoune dimanche aprèsmidi (1-0). Avant cela, le FC Sion n’avait gagné qu’une fois en cinq rencontres. Quatre sous la direction de Didier Tholot (qui a alors quitté le navire «d’un commun accord» avec le club), une sous celle du président Christian Constantin, qui s’était improvisé entraîneur contre Grasshopper, le temps d’en désigner un nouveau. Peter Zeidler, l’homme de la situation? «Oh, mais ce n’est pas grâce à moi, s’empresse-t-il de préciser. C’est un tout, les joueurs, le staff, nous commençons à construire quelque chose de bien ensemble.» Laissons l’Allemand à sa modestie et rappelons pour lui une vérité: depuis son arrivée, le FC Sion a pris un nouveau départ.
A deux points de l’Europe
«Oui, on peut désormais dire que la saison est lancée», acquiesçait le milieu de terrain Freddy Mveng après le match gagné à Tourbillon. L’enjeu du jour était important: éviter la dernière place du classement promise au perdant. En s’imposant, les Sédunois se sont projetés vers des perspectives plus réjouissantes, plus en phase avec les ambitions du club. Ils pointent au septième rang du classement, à égalité de points avec Grasshopper, et à deux unités seulement de la quatrième place qualificative pour l’Europe occupée par Lausanne. «Cette petite série de deux victoires nous permet d’être plus sereins, glissait le capitaine Reto Ziegler. Quand les voitures passeront à Martigny [où l’équipe s’entraîne], il n’y aura plus de sifflets mais des applaudissements.»
Parfois, le football tient à très peu de chose. Le FC Sion doit son répit à une victoire qui n’aurait pas pu être plus chiche. Il y eut un seul but, sur un penalty transformé par Reto Ziegler. Le gardien bernois Guillaume Faivre avait bien plongé, touché la balle. Avant cela, il avait fallu une course très ingénieuse de Chaudrac Akolo pour provoquer une faute dans la surface de réparation. Bref, l’alignement des astres a été parfait pour que le ballon termine au fond des filets.
Et si cela n’avait pas été à ce moment-là, les Valaisans n’auraient sans doute pas marqué. En première mi-temps, ils ont dominé sans se montrer dangereux. Après la pause, ils ont été pris à la gorge par leurs adversaires, sauvés à plusieurs reprises par un tout grand Anton Mitryushkin (20 ans seulement) et même une fois par un arbitrage favorable: à la 65e minute de jeu, l’essai de Matteo Tosetti semble bien avoir franchi la ligne. «Je relève quand même vingt bonnes premières minutes de jeu, mais je ne suis pas satisfait du contenu», confirmait Peter Zeidler. Mais parfois, il faut savoir se contenter d’un résultat.
Force de caractère
Freddy Mveng y voyait même davantage que trois points: la marque d’une certaine force de caractère. «On ne peut pas toujours gagner 4-0, jouer tiki-taka à l’espagnole. C’est bien de le faire. Mais c’est aussi intéressant de montrer qu’on peut s’imposer dans la difficulté.» En clair: le FC Sion a besoin de se mettre en confiance, de trouver des repères. Et c’est compréhensible. Car si le championnat est déjà vieux de sept journées, il y a eu beaucoup de mouvements au sein du contingent et de bruit autour du club depuis la reprise. Le départ de Didier Tholot, bien sûr, qui sera resté 604 jours consécutifs à la tête de l’équipe, un record depuis 2003 et le retour aux commandes de Christian Constantin. Les départs d’Edimilson Fernandes vers West Ham et de Léo Lacroix vers Saint-Etienne, aussi, alors que la Super League avait déjà repris ses droits. Le club s’enorgueillit du fait que ses jeunes prometteurs trouvent de l’embauche à l’étranger et les finances du club ne s’en portent pas plus mal, mais sportivement, il fallait digérer. Enfin, il y avait les rumeurs autour d’un départ de Moussa Konaté et d’une arrivée de Mario Balotelli, qui ne se sont pas concrétisées.
Désormais, le FC Sion sait quels sont les moyens à sa disposition pour atteindre la pause hivernale. Il n’y a plus à spéculer sur d’hypothétiques renforts, et il faut apprendre à vivre sans ceux qui sont partis. «Peut-être qu’avec Lacroix nous aurions gagné 2-0, et avec Fernandes 3-0, souriait Peter Zeidler. Mais voilà: nous devons compenser autrement. Si possible avec des jeunes formés ici.» Contre Thoune, il a ainsi lancé dans le bain Bruno Morgado (18 ans) au poste de latéral. «L’entraîneur met tout le monde à l’aise, commentait ce dernier au coup de sifflet final. Il nous parle beaucoup et cela aide.»
Depuis son arrivée, le coach allemand n’hésite pas à changer les habitudes. Il a troqué le 4-2-3-1 en vigueur pour un 4-3-3 et passablement revu l’alignement, faisant par exemple de Freddy Mveng – cantonné à un second rôle par Didier Tholot – un titulaire. «Surtout, il a redéfini nos principes de jeu», souligne ce dernier. En quels termes? «Il veut qu’on récupère le ballon plus haut, qu’on presse davantage… En gros, il nous a dit de nous bouger les fesses.»