Comment, en dix ans, Facebook a enrichi son fil d’actualité
Le News Feed a largement contribué au succès du réseau social, notamment dans le domaine publicitaire
C’est l’une des photos qui fait date dans l’histoire de Facebook. On y voit Mark Zuckerberg, tout juste 22 ans, entouré de quelquesuns des premiers employés de la société. Penché sur un ordinateur, il supervise les débuts officiels du News Feed, le fil d’actualité qui résume l’activité des amis des utilisateurs du réseau social. Critiquée lors de son lancement, le 6 septembre 2006, cette fonctionnalité a par la suite grandement contribué au succès planétaire de Facebook.
Jusqu’en 2006, la plateforme, lancée deux ans plus tôt sur le campus de l’Université Harvard, «était simplement une collection de profils», se souvient Mark Zuckerberg. Pour connaître les dernières actualités d’une personne, il fallait se rendre sur sa page. Et répéter l’opération pour toutes les autres. «Il n’existait aucun moyen de voir l’activité de tous vos amis ou d’être certain qu’ils voient la vôtre», poursuit le fondateur de la société.
MySpace laminé
Avec le News Feed, le site entre alors dans une nouvelle dimension. «C’était le premier fil social», assure Mark Zuckerberg. La notion de partage change: les utilisateurs ne publient plus des statuts et des photos sur leur profil mais sur les fils d’actualité de leurs amis. «Le News Feed a fondamentalement bouleversé la nature profonde de Facebook, d’un réseau focalisé sur les individus à un réseau centré autour de la communauté d’utilisateurs», confirme Brian Blau, analyste au sein du cabinet Gartner.
A l’époque, Facebook n’est encore que le deuxième réseau social aux Etats-Unis, derrière MySpace. L’inscription est réservée aux étudiants des grandes universités américaines. Mais l’entreprise prépare déjà la suite: l’ouverture au grand public. Elle intervient trois semaines plus tard. Le succès est immédiat. De 10 millions, le nombre d’utilisateurs grimpe à 50 millions en août 2007. Le phénomène est lancé. Et MySpace laminé par la révolution sociale que constitue le fil d’actualité. «Dix ans plus tard, tous les principaux réseaux sociaux possèdent un équivalent», se félicite Mark Zuckerberg.
A son lancement pourtant, la fonctionnalité suscite de très vives critiques. Les utilisateurs de Facebook lui reprochent d’envahir leur vie privée. «Très vite, plus d’un million de personnes ont rejoint un groupe menaçant de partir si nous ne faisions pas marche arrière, rappelle son patron. Il y avait même des manifestations devant nos bureaux.» Quelques concessions plus tard, la fronde s’éteint. Fin juin 2016, Facebook comptait plus de 1,7 milliard d’utilisateurs dans le monde.
Abandon de l’ordre chronologique inversé
Au fil des ans, le News Feed s’est enrichi. Sa principale évolution concerne l’abandon de l’ordre chronologique inversé. A la place, c’est désormais un algorithme qui définit les éléments qui apparaissent et leur ordre. Facebook justifie ce choix par la hausse du nombre d’amis et de pages «likées». Ce sont ainsi des centaines de contenus potentiels à afficher. «Nous essayons de montrer ce qui est le plus important», explique Mark Zuckerberg.
Vidéos privilégiées
Régulièrement, Facebook modifie cet algorithme au gré de ses nouvelles priorités. Par exemple, le réseau social privilégie actuellement les vidéos, car il considère qu’elles représentent une importante opportunité publicitaire. Depuis deux mois, il accorde aussi une plus grande importance aux contenus postés par la famille et les amis. Ces changements sont redoutés par tous ceux qui dépendent de l’audience générée par la plateforme. Son algorithme est désormais tout aussi important que celui de Google.
Réussite en termes d’expérience utilisateur, le News Feed est également «au coeur de la stratégie publicitaire de Facebook, indique Brian Blau. Il est devenu une incroyable source de recettes.» L’entreprise permet en effet aux marques de sponsoriser des messages pour qu’ils s’affichent directement sur le fil d’actualité de leur cible. L’an passé, Facebook a ainsi réalisé un chiffre d’affaires de 18 milliards de dollars. Celui-ci devrait dépasser les 27 milliards de dollars cette année.