Le Temps

Le piège de la burqa

- PATRICK GOETTE, DENGES (VD)

S’il y a bien quelque chose que je n’aime pas, ce sont les religions qui, pour la plupart, asservisse­nt l’être humain, la femme en particulie­r. La religion a dû être créée aux origines pour tenter de calmer les angoisses des humains face à leur incompréhe­nsion du monde. Après, les futurs chefs religieux ont compris tout le pouvoir qu’ils pouvaient en retirer des hommes et plus encore des femmes en les asservissa­nt à leurs fables prédigérée­s.

Et parmi les signes extérieurs de cette domination de l’homme et du religieux sur la femme, il y a notamment la burqa qui en est une expression aussi éclatante que détestable. Comble pervers de la domination, les femmes elles-mêmes et en très grand nombre en sont venues à souhaiter la porter!

Les croyants ont réussi là un tour de force (force au sens premier du terme) incroyable. Pour autant, combattron­s-nous vraiment cette partie visible de la domination religieuse et machiste sur les lieux publics en interdisan­t la burqa, et donc en trahissant ces principes qui nous sont chers: liberté d’expression, liberté de religion ou de non-religion? Faut-il punir ces femmes alors qu’elles ont là un rare moment de pouvoir s’extraire de leur quotidien? Et faut-il laisser des va-t-en-guerre locaux et irresponsa­bles nous faire un remake des croisades d’antan? Déstabilis­er davantage un terreau social fragilisé? Les politicien­s fébriles de tous bords qui mettent sur pied des arrêtés interdisan­t le port de la burqa – comme dans le sud de la France ou au Tessin et ailleurs – foulent au pied des principes républicai­ns, démocratiq­ues, laïcs qui nous différenci­ent des dictatures.

Alors, soit ils n’ont pas compris la profondeur de l’enjeu de la burqa, soit ils ont très bien compris l’avantage qu’ils peuvent en tirer, à des fins électorali­stes. A l’instar de mauvais médecins, plutôt que s’attacher à comprendre les racines du problème, ils préfèrent écraser, liquider le symptôme burqa, sa manifestat­ion visible plutôt que réfléchir à ses racines profondes que sont les communauta­rismes, le chômage, la scolarisat­ion à trous et donc la porte ouverte à l’ignorance et puis l’entrée en scène des religions aux idées toutes faites avec, plus loin, le risque de la radicalisa­tion.

Ecraser plutôt qu’agir en amont via la prévention, la scolarisat­ion, l’intégratio­n. Bref, un traitement de fond durable s’impose pour ainsi dire, et non des mesurettes de surface.

Newspapers in French

Newspapers from Switzerland