Le Temps

L’art des fraudeurs

- S. D.

Les fraudeurs m’ont toujours fasciné. Pas tant pour leur capacité à se soustraire à leurs obligation­s que pour leur faculté à nier l’évidence, coûte que coûte, au point d’en arriver parfois à croire eux-mêmes à leurs mensonges.

Je me souviens d’avoir été subjugué un jour par un homme, costume cravate, jurant ses grands dieux qu’il n’avait pas essayé de resquiller le métro alors même qu’il venait de se faire prendre en flagrant délit. «Monsieur, je vous promets, j’ai mis mon ticket mais je préfère sauter par-dessus que passer dans le tourniquet», avait-il dû argumenter. Bien sûr.

A ce jeu-là, Jérôme Cahuzac est un expert. Après avoir juré à la France, droit dans les yeux, qu’il n’avait pas de compte en Suisse, voilà que l’ancien ministre des Finances a décidé de mettre ses années passées à frauder le fisc sur le dos de celui qui fut son mentor, Michel Rocard. C’est que l’ancien premier ministre socialiste a plutôt bon dos, lui qui a passé l’arme à gauche il y a tout juste deux mois.

Bref. Ce qui m’agace par-dessous tout avec les fraudeurs, c’est qu’en plus de mentir, ils ont cette fâcheuse tendance à accabler les autres et à toujours se trouver des excuses. Un peu comme le Panama, finalement, qui vient d’approuver un projet de loi permettant d’appliquer des rétorsions financière­s et douanières aux pays ou aux organisati­ons qui l’accuseraie­nt d’être un paradis fiscal.

Je conseiller­ais donc à tous les fraudeurs d’aller s’installer au Panama. D’autant qu’ils y ont peutêtre déjà une boîte aux lettres.

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