Le Temps

Le triomphe inspirant d’Angelique Kerber

L’Allemande s’empare de la tête du classement mondial sur une victoire à l’US Open. Treize ans après ses débuts sur le circuit, elle n’a jamais aussi bien joué

- L. PT

Angelique Kerber n’avait pas besoin de remporter l’US Open pour devenir numéro 1 mondiale. Elle le savait – comme tout le monde. Mais si l’Allemande s’était inclinée samedi contre Karolina Pliskova (WTA 10), l’histoire de son accession au trône serait restée celle d’une défaite (de Serena Williams) plutôt que d’une grande victoire (la sienne). Alors la future reine est retournée sur le champ de bataille comme si elle n’avait pas encore gagné la guerre.

Elle n’avait aucune raison de prendre son adversaire tchèque de haut; elle avait été largement dominée en demi-finale à Cincinnati moins d’un mois auparavant (6-3 6-1). Cette fois-ci, l’affronteme­nt fut long (2h07) et incertain: Kerber dut jouer trois sets pour la première fois depuis le début de la quinzaine new-yorkaise. Mais elle voulait que l’histoire soit celle d’une victoire et elle s’est imposée 6-3 4-6 6-4.

L'héritage de Steffi Graf

Angelique Kerber assume l’héritage de Steffi Graf, seule Allemande avant elle à avoir triomphé à Flushing Meadows et dominé le classement mondial. Mais elle a explosé sur le tard. Ses débuts sur le circuit profession­nel remontent à 2003, elle n’avait que 15 ans. Précoce. Son ascension a ensuite pris du temps. Elle a atteint sa première demi-finale de Grand Chelem – déjà à l’US Open – en 2011, à 23 ans, mais c’était alors une immense surprise: elle ne pointait qu’au 92e rang mondial. Et elle a continué à taper dans la balle sans résultat majeur jusqu’à ses 28 ans. Elle les a fêtés le 18 janvier dernier.

Douze jours plus tard, elle remportait l’Open d’Australie en dominant Serena Williams en finale. Un succès tellement inattendu que celle qui semblait inamovible aux commandes du tennis féminin l’accueillai­t avec le sourire, nuançant sa déception par la gaieté de voir son adversaire savourer son heure de gloire. Elle ne se doutait pas qu’Angelique Kerber ne venait pas de signer un acte de bravoure isolé, mais le début d’une campagne au terme de laquelle l’Américaine serait destituée.

2016 restera comme l’année de la native de Brême, et elle n’y voit ni le fruit du hasard, ni le simple déroulé du destin. «Je crois que beaucoup de choses ont changé, a-t-elle déclaré samedi en conférence de presse. J’ai amélioré ma condition physique. Je m’entraîne de manière plus intense, et j’ai passé beaucoup d’heures dans des salles de gym ou en faisant des sessions de sprint. Je me suis aussi attelée à devenir plus agressive sur le court. Avant, je pouvais être agressive à l’entraîneme­nt, et j’ai réussi à transférer cet état d’esprit à mes matches.»

Mis à part un échec cinglant à Roland-Garros (éliminatio­n au premier tour), elle a cette année atteint les finales des trois Majeurs, et en a donc remporté deux pour un seul revers à Wimbledon, ainsi que celle des Jeux olympiques de Rio. Elle a en plus cueilli un autre titre «à domicile» à Stuttgart, portant son palmarès à dix victoires sur le circuit WTA au moment d’en prendre la tête du classement. «Angelique mérite la première place mondiale», a salué la finaliste de l’US Open Karolina Pliskova (24 ans).

Retour de Serena?

La reine (Serena) est morte, vive la reine (Angelique)? Pas tout à fait: rien ne dit que l’Américaine de 34 ans ne repassera pas en tête un jour ou l’autre. Mais en attendant, Angelique Kerber savoure et son histoire personnell­e dit plusieurs choses inspirante­s: les plus grands succès peuvent mettre du temps à arriver, les efforts finissent par payer, etc. «Je me suis juste montrée patiente et j’ai travaillé dur. Et de voir aujourd’hui tout ce travail payer, c’est la plus belle des sensations. C’est de cela dont j’ai toujours rêvé.»

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ANGELIQUE KERBER NUMÉRO UN MONDIALE

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