Le Temps

Genève offre un kit écolo pour les déchets, ultime tentative avant la taxe poubelle

La Ville offre à ses habitants des petites poubelles destinées aux déchets de cuisine. La dernière tentative pour éviter de devoir imposer la taxe au sac

- LAURE LUGON ZUGRAVU LaureLugon

C’est le dernier argument que Genève brandit avant de sévir. Un argument en plastique vert, percé de petits trous et habité d’un sac biodégrada­ble destiné aux déchets de cuisine, offert aux habitants. «La p’tite poubelle verte» a été lancée lundi à Genève par un Luc Barthassat plein d’espérance en une trouvaille qui devrait épargner aux Genevois la taxe poubelle, en vigueur partout ailleurs en Suisse. «Nous croyons en la responsabi­lisation et à la prise de conscience individuel­le, indique le conseiller d’Etat. Car on ne peut imposer «la p’tite poubelle verte.»

Genève s’est toujours soustraite au principe du pollueur-payeur, en dépit de la proportion trop faible de déchets recyclés dans la République, 46%. Pour parvenir aux 50% requis, restait donc ce procédé dilatoire, un gadget sympa, parrainé par le chef étoilé Philippe Chevrier. Et agrémenté de slogans qui devraient faire sourire les Genevois: «Je suis une vieille trogne mais je peux encore changer», ricane un trognon de pomme sur l’affiche de la campagne.

Des trous pour aérer

Voici comment. Dès cette semaine, 100000 «p’tites poubelles vertes» seront offertes gratuiteme­nt aux ménages de la ville et des 24 communes pour l’heure impliquées. Un défi logistique important: «En ville de Genève, la distributi­on se fera au porte-à-porte par des équipes de la voirie, détaille Guillaume Barazzone, maire de Genève. Si les gens ne sont pas présents, le kit comprenant poubelle et rouleau de 25 sacs compostabl­es sera déposé devant la porte, avec un papillon explicatif traduit en anglais, en portugais, en espagnol et en albanais.» En parallèle, la Ville équipera 77 écopoints en containers pour déchets organiques, et les immeubles devraient aussi en être pourvus. Les communes partenaire­s vont s’équiper ce mois-ci des containers adéquats dans leurs points de collecte et certaines, comme Meyrin, vont distribuer les poubelles sur des stands. Principal argument d’adoption, outre l’importance du recyclage des déchets de cuisine, qui représente­nt encore plus d’un tiers des ordures ménagères:

«La p’tite poubelle verte sera moins chère que la taxe au sac» MATTHIEU RAEIS, SERVICE DE GÉOLOGIE, SOLS ET DÉCHETS

leur «respiratio­n». Inspirée d’un modèle milanais, «la p’tite poubelle verte» permet aux détritus de se déshydrate­r, supprimant du coup la fermentati­on générant de mauvaises odeurs et la formation de jus.

1,6 million de francs

Le coût global de l’opération se monte à 1,6 million de francs, dont un million lié à la fabricatio­n des kits et le reste à la campagne. Les sacs biodégrada­bles seront vendus dans les grandes surfaces. Mais pour les habitants, «la p’tite poubelle verte» sera plus légère au porte-monnaie que la taxe au sac, assure Matthieu Raeis, chef du secteur déchets au Service de géologie, sols et déchets (GESDEC): «Car le sac-poubelle à Genève coûterait plutôt 3,50 francs que les 2 francs qu’il coûte dans le canton de Vaud.» La Ville de Genève dépense 13 millions de francs par an pour l’incinérati­on des déchets. «Nous sommes taxés au poids, explique Guillaume Barazzone. Moins de déchets se traduiront donc par une baisse pour le contribuab­le.»

Les autorités se donnent jusqu’à 2018 pour parvenir au seuil fatidique des 50% de déchets recyclés. Si «la p’tite poubelle verte» ne s’illustre pas passé ce délai, les Genevois déboursero­nt. Pour l’heure, un concours de photos ou vidéos sur la page Facebook GE-Environnem­ent promet aux gagnants de se régaler chez le talentueux parrain de la poubelle.

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