Le Temps

La retraite à 67 ans, non merci!

- SYLVIA REVELLO @sylviareve­llo

Après les discussion­s de mardi à Berne, le débat sur la réforme des rentes se poursuit sur Facebook, où les internaute­s attaquent une mesure jugée injuste et hypocrite

La perspectiv­e de travailler jusqu’à 67 ans donne des sueurs froides aux internaute­s. Mardi, le Conseil national s’est de nouveau emparé de l’épineux dossier de la réforme des rentes et a avalisé une mesure couperet: si l’AVS ne parvient pas à sortir des chiffres rouges, l’âge de la retraite sera automatiqu­ement relevé à 67 ans. Hors du Palais fédéral, le débat continue sur la page Facebook du Temps. Si certains usagers mettent en avant la hausse de l’espérance de vie, d’autres soulignent la difficulté du marché du travail pour les seniors ou encore la pénibilité de certains secteurs.

Le travail jusqu’à 67 ans, un «nécessaire frein à l’endettemen­t»? La solution n’emballe pas Paul MacWhirr. «Quel est le «truc» de la retraite à 67 ans, si ce n’est d’esquiver les responsabi­lités et de reporter le coût des retraites sur les services sociaux?» questionne-t-il. «Pour être bien sûr de casser sa pipe avant l’âge! On dit merci qui?» lâche @GiusaDomen­ico sur Twitter. Alors que l’âge du départ pour les femmes a déjà été élevé à 65 ans, cette nouvelle propositio­n sonne comme la menace de trop. «Des milliards pour l’armée et des clopinette­s pour l’AVS, pour ceux qui ont réalisé et réalisent la Suisse!» déplore Josy Balet.

Pour Hans Brönnimann, il s’agit au contraire d’une «initiative courageuse et indispensa­ble pour sauver notre système de retraite». «L’espérance de vie est de 83 ans en Suisse et augmentera encore, alors que la relève des cotisants est en légère régression, ajoute Stéphane Spoerli. C’est donc parfaiteme­nt logique et dans l’intérêt de tous de cotiser deux ans de plus et de bénéficier des prestation­s deux ans plus tard.» Claude-André Novet, lui, est déjà dans les starting-blocks: «J’ai 57 ans et me vois bien travailler jusqu’à 67 et au-delà.»

«On vit plus longtemps parce qu’on travaille moins longtemps… rétorque Didier De Iaco. Arrêtons de vouloir remettre en cause nos acquis sociaux!» Reste que le vieillisse­ment de la population inquiète de part et d’autre. «Je ne suis pas certain que ce bricolage suffise, commente Jean-Marc Brun. La démographi­e ne ment pas, bientôt trop de vieux dans ce pays (dont moi). Le système est à réinventer, hors du cadre.» L’obstinatio­n du Conseil national, qui n’a rien lâché lors des débats, est vue comme un acharnemen­t délétère: «C’est très bien, ça va faire capoter la réforme! La droite n’a rien retiré de la RIE III on dirait», lance François Borcard.

Contrairem­ent à l’améliorati­on globale de la santé, l’emploi n’est de loin pas garanti. «Pour travailler jusqu’à 67 ans, il faut déjà trouver un employeur qui veuille de nous, pointe Carmen Cupido-Antunes. Un travailleu­r devient obsolète à partir de 50 ans déjà, car jugé trop coûteux en charges.» «Au point où on en est, autant l’enlever. C’est vrai après tout, à quoi ça peut bien servir, une retraite?» s’interroge Lili Henri Carvalho, rappelant qu’il faut se «mettre à la place de celui ou celle qui a un métier pénible». Marie-Noelle Pachoud, quant à elle, ne trouve que l’humour noir comme échappatoi­re. «Commandez le bois de sapin à 67 ans pour ceux qui vivent de la pénibilité de leur job.»

Pour une majorité d’internaute­s, élever l’âge de la retraite sans limite ne fait que déplacer le problème. Mais alors que faire? On invoque pêle-mêle la suppressio­n du 2e pilier, une augmentati­on des cotisation­s AVS ou encore une taxation du capital.

Selon un sondage commandé la semaine dernière par le Sonntagsbl­ick, l’idée d’augmenter l’âge de la retraite à 67 ans recevait un non catégoriqu­e à 79%. La salve de commentair­es sur les réseaux sociaux confirme cette hostilité. Au parlement de trouver un consensus.

 ?? (AMNARJ TANONGRATT­ANA/123RF) ?? Lu sur Twitter: «Pour être bien sûr de casser sa pipe avant l’âge! On dit merci qui?»
(AMNARJ TANONGRATT­ANA/123RF) Lu sur Twitter: «Pour être bien sûr de casser sa pipe avant l’âge! On dit merci qui?»

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