J. Safra Sarasin dépasse le cap des 150 milliards de francs sous gestion
L’établissement genevois a enregistré une hausse de 10% de son bénéfice l’an dernier. Son président explique comment la consolidation du secteur peut créer des emplois
Comme en 2015, J. Safra Sarasin a augmenté son bénéfice net de près de 10%, à 252,1 millions de francs l’an dernier. Les avoirs sous gestion de la banque genevoise ont progressé de 4,2 milliards de francs (soit +2,9%), pour atteindre 148,5 milliards au 31 décembre dernier, et même 155 milliards fin février 2017. Pourtant, «il est très difficile de gérer de l’argent actuellement, avec des taux d’intérêt bas et une géopolitique internationale complètement imprévisible», explique Ilan Hayim, le président de J. Safra Sarasin, que Le Temps a rencontré mercredi lors de la publication des résultats annuels.
Ce contexte complexe profite néanmoins à la place financière suisse, grâce à l’image de stabilité et de sécurité du pays, poursuit Ilan Hayim. Une image qui n’a pas été profondément écornée par le rejet de la troisième réforme de l’imposition des entreprises, en votation populaire le 12 février dernier, selon lui.
Sept milliards accueillis depuis janvier
Ces caractéristiques de la Suisse constituent l’une des raisons expliquant l’augmentation des masses sous gestion dans les banques suisses, et genevoises en particulier. A 155 milliards, celle de J. Safra Sarasin a progressé de 4,2 milliards l’an dernier, et encore de près de 7 milliards au cours des deux premiers mois de l’année.
Deux autres facteurs sont plus spécifiques à l’établissement en mains de la famille Safra. Tout d’abord le recrutement d’une centaine de gérants l’an dernier, sur un effectif total d’environ 2000 collaborateurs. Ces spécialistes ont été engagés en Suisse (Genève, Zurich, Lugano), à Luxembourg, en Asie (principalement à Singapour) et au Moyen-Orient.
Trois acquisitions en trois ans
Ensuite, la banque profite encore des acquisitions conclues ces dernières années. Depuis 2014, J. Safra Sarasin a acquis les activités de gestion de fortune de Morgan Stanley en Suisse, celles de la banque israélienne Leumi au Luxembourg, puis celles de Credit Suisse à Gibraltar et Monaco, l’an dernier. J. Safra Sarasin gérait 131,4 milliards de francs fin 2013.
«Mais l’effet des acquisitions ne se limite pas à l’apport d’un certain nombre de milliards, nuance Ilan Hayim. L’arrivée de nouveaux collaborateurs de grande qualité apporte une nouvelle approche et enrichit l’organisation tout entière, ce qui lui permet de continuer à croître à plus longue échéance.»
Consolidation créatrice d’emplois
Cette dimension qualitative est indispensable pour que la place genevoise réussisse sa consolidation, qui va d’ailleurs se poursuivre, estime le président de J. Safra Sarasin: «Ce mouvement ne doit pas être uniquement inspiré par des synergies et des réductions de coûts. Il doit créer des acteurs capables de grandir sur le plan international, ce qui se traduira par des créations nettes d’emplois sur le long terme.»
Les résultats 2016 de J. Safra Sarasin ont également été marqués par une progression des revenus de la banque, à 1,047 milliard de francs. L’établissement genevois, qui répercute depuis l’an dernier les taux d’intérêt négatifs sur la majeure partie de sa clientèle, affiche un ratio charges/revenus de 60%, ce qui le classe parmi les structures les plus efficaces du marché. Ses fonds propres s’élèvent à 4,4 milliards de francs, pour un ratio de solvabilité Tier 1 de 28,2%.
Comme certaines de ses concurrentes, la banque J. Safra Sarasin compte-t-elle se retirer de certains marchés peu rémunérateurs? «Nous ne l’avons pas fait pour l’instant», répond Ilan Hayim, qui n’a pas souhaité faire de commentaires sur les rumeurs d’un prochain retrait de l’Allemagne.
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PRÉSIDENT DE J. SAFRA SARASIN