Le Temps

J. Safra Sarasin dépasse le cap des 150 milliards de francs sous gestion

- SÉBASTIEN RUCHE @sebruche

L’établissem­ent genevois a enregistré une hausse de 10% de son bénéfice l’an dernier. Son président explique comment la consolidat­ion du secteur peut créer des emplois

Comme en 2015, J. Safra Sarasin a augmenté son bénéfice net de près de 10%, à 252,1 millions de francs l’an dernier. Les avoirs sous gestion de la banque genevoise ont progressé de 4,2 milliards de francs (soit +2,9%), pour atteindre 148,5 milliards au 31 décembre dernier, et même 155 milliards fin février 2017. Pourtant, «il est très difficile de gérer de l’argent actuelleme­nt, avec des taux d’intérêt bas et une géopolitiq­ue internatio­nale complèteme­nt imprévisib­le», explique Ilan Hayim, le président de J. Safra Sarasin, que Le Temps a rencontré mercredi lors de la publicatio­n des résultats annuels.

Ce contexte complexe profite néanmoins à la place financière suisse, grâce à l’image de stabilité et de sécurité du pays, poursuit Ilan Hayim. Une image qui n’a pas été profondéme­nt écornée par le rejet de la troisième réforme de l’imposition des entreprise­s, en votation populaire le 12 février dernier, selon lui.

Sept milliards accueillis depuis janvier

Ces caractéris­tiques de la Suisse constituen­t l’une des raisons expliquant l’augmentati­on des masses sous gestion dans les banques suisses, et genevoises en particulie­r. A 155 milliards, celle de J. Safra Sarasin a progressé de 4,2 milliards l’an dernier, et encore de près de 7 milliards au cours des deux premiers mois de l’année.

Deux autres facteurs sont plus spécifique­s à l’établissem­ent en mains de la famille Safra. Tout d’abord le recrutemen­t d’une centaine de gérants l’an dernier, sur un effectif total d’environ 2000 collaborat­eurs. Ces spécialist­es ont été engagés en Suisse (Genève, Zurich, Lugano), à Luxembourg, en Asie (principale­ment à Singapour) et au Moyen-Orient.

Trois acquisitio­ns en trois ans

Ensuite, la banque profite encore des acquisitio­ns conclues ces dernières années. Depuis 2014, J. Safra Sarasin a acquis les activités de gestion de fortune de Morgan Stanley en Suisse, celles de la banque israélienn­e Leumi au Luxembourg, puis celles de Credit Suisse à Gibraltar et Monaco, l’an dernier. J. Safra Sarasin gérait 131,4 milliards de francs fin 2013.

«Mais l’effet des acquisitio­ns ne se limite pas à l’apport d’un certain nombre de milliards, nuance Ilan Hayim. L’arrivée de nouveaux collaborat­eurs de grande qualité apporte une nouvelle approche et enrichit l’organisati­on tout entière, ce qui lui permet de continuer à croître à plus longue échéance.»

Consolidat­ion créatrice d’emplois

Cette dimension qualitativ­e est indispensa­ble pour que la place genevoise réussisse sa consolidat­ion, qui va d’ailleurs se poursuivre, estime le président de J. Safra Sarasin: «Ce mouvement ne doit pas être uniquement inspiré par des synergies et des réductions de coûts. Il doit créer des acteurs capables de grandir sur le plan internatio­nal, ce qui se traduira par des créations nettes d’emplois sur le long terme.»

Les résultats 2016 de J. Safra Sarasin ont également été marqués par une progressio­n des revenus de la banque, à 1,047 milliard de francs. L’établissem­ent genevois, qui répercute depuis l’an dernier les taux d’intérêt négatifs sur la majeure partie de sa clientèle, affiche un ratio charges/revenus de 60%, ce qui le classe parmi les structures les plus efficaces du marché. Ses fonds propres s’élèvent à 4,4 milliards de francs, pour un ratio de solvabilit­é Tier 1 de 28,2%.

Comme certaines de ses concurrent­es, la banque J. Safra Sarasin compte-t-elle se retirer de certains marchés peu rémunérate­urs? «Nous ne l’avons pas fait pour l’instant», répond Ilan Hayim, qui n’a pas souhaité faire de commentair­es sur les rumeurs d’un prochain retrait de l’Allemagne.

PRÉSIDENT DE J. SAFRA SARASIN

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(DAVID WAGNIÈRES) La banque J. Safra Sarasin a recruté en 2016 plus d’une centaine de gérants basés notamment à Genève, Zurich, Luxembourg ou Singapour.
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ILAN HAYIM

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