A Almere, l’éclatement des partis pourrait nuire à Geert Wilders
La cité-dortoir proche d’Amsterdam illustre le poids de l’immigration dans le vote néerlandais
A une trentaine de kilomètres d’Amsterdam, Almere n’a rien de la bucolique campagne hollandaise. La ville planifiée dans les années septante a été construite sur les polders. Elle est passée du néant en 1978 à plus de 200000 habitants aujourd’hui (une croissance sans équivalent). La population compte une forte proportion de résidents originaires des anciennes colonies néerlandaises, d’Asie, d’Afrique.
Dans les grandes allées grises des centres commerciaux et entre les barres d’immeubles, on parle toutes les langues. «Almere est une cité-dortoir pour les pendulaires qui travaillent à Amsterdam», explique Tarek, un étudiant d’origine marocaine qui préfère parler en français, «l’arabe, je le comprends à peine et je n’aime pas le néerlandais». Il est en colère contre ses concitoyens: «Geert Wilders nous a traités de racaille, mais on se comporte comme tout le monde.»
Parmi les habitants d’Almere, beaucoup ont voté pour le PVV de Geert Wilders aux élections européennes. Mais cette fois la situation est différente avec 28 partis en lice, qui tous peuvent prétendre à un siège au moins. Cet éclatement joue contre les partis traditionnels, mais il dessert aussi le PVV qui fait face à une forte concurrence.
Le bonus du premier ministre
Tarek fait partie des indécis qui jusqu’au dernier moment balancent: «Je suis tenté par le nouveau parti Denk (Pense, en français), c’est le seul parti qui se bat pour les droits des musulmans.» Denk est un nouveau venu sur la scène politique néerlandaise, fondé par Tunahan Kuzu et Selçuk Öztürk, deux dissidents d’origine turque du parti Labour. Certains voient le financement turc et l’ombre d’Ankara derrière cette nouvelle formation, mais cela ne dissuade pas les électeurs, au contraire. La communauté turque, forte d’environ 400000 personnes, pourrait amener Denk au parlement.
Ian Wagenaar, un retraité des chemins de fer qui habite Almere, pense que, «au bout du compte, le premier ministre fera gagner son parti. Et tout rentrera dans l’ordre.» On appelle cela aux Pays-Bas le bonus du premier ministre, une prime sous forme de vote que les électeurs octroient à celui qui est au pouvoir et incarne la stabilité. Les instituts de sondage peinent à évaluer ce facteur mais reconnaissent son existence.
Qu’il arrive en tête de l’élection ou pas, Geert Wilders n’a aucune chance d’entrer au gouvernement. Les autres politiciens, Mark Rutte en tête, ont juré qu’ils ne formeraient pas de coalition avec le trublion islamophobe. Mais il leur sera néanmoins difficile de former une coalition solide sans lui. Certains évoquent déjà de possibles élections anticipées.
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