Le Temps

Stupeur: le Racing 92 et le Stade français fusionnent

- LIONEL PITTET lionel_pittet

Les deux clubs historique­s de première division française ne feront plus qu’un dès la saison prochaine. Les présidents sont convaincus qu’il s’agit de la bonne direction, les supporters beaucoup moins

«Plus forts ensemble!» Le communiqué du Racing 92 et du Stade français affichait un titre anodin, mais son contenu était explosif: les deux clubs du Top 14 s’apprêtent à fusionner. Dès la saison prochaine, il n’y aura plus qu’une seule équipe représenta­nt la région parisienne en première division française de rugby.

Les réactions ne se sont pas fait attendre. «Aujourd’hui, ma tristesse est tellement grande que je ne préfère pas commenter», a twitté Pascal Papé, internatio­nal du Stade français. «Sans moi», s’est contenté d’écrire son jeune coéquipier Sekou Macalou. Les supporters, eux, oscillaien­t entre l’incompréhe­nsion et la colère. «J’aurais été là en Nationale 3. Je ne serai pas là la saison prochaine», a résumé l’un d’eux sur Twitter.

Toute la France du sport est sous le choc du rapprochem­ent de deux équipes dont la rivalité remonte aux balbutieme­nts du rugby dans l’Hexagone. En 1892, le Racing remportait la première finale du championna­t contre le Stade français, qui prenait sa revanche l’année suivante. Depuis la fin du XIXe siècle, les deux équipes ne sont pas toujours restées au sommet, mais elles y cohabitent désormais depuis le retour dans l’élite du Racing 92 en 2009. La saison dernière, le club des Hauts-de-Seine était sacré champion. Celle d’avant, c’était le Stade français.

Fusion équitable

«Mon premier réflexe lorsque Thomas [Savare, président du Stade français] a évoqué une fusion, ça a été de dire: un mariage entre deux clubs séparés par 135 ans de rivalité? Pas possible», a admis devant la presse Jacky Lorenzetti, l’homme d’affaires suisse qui dirige le Racing 92 depuis 2006. Puis il dit s’être ravisé: «L’Esprit saint du rugby est descendu et nous a dit que c’est ce qu’il fallait faire. Pour assurer la pérennité du rugby en région parisienne.»

Le nom et le maillot de la future équipe? A définir. Pour le reste, Savare et Lorenzetti promettent une fusion «équitable»: présidence tournante, postes clés répartis. Il faudra encore construire une équipe à partir des deux continents et articuler le quotidien entre le stade Jean-Bouin du Stade français (rénové en 2013, 20000 places) et l’Arena du Racing 92, qui devrait être prête en fin d’année (32000 places).

L’organisati­on pratique est une chose, le soutien populaire en est une autre. Les supporters des deux clubs accepteron­t-ils de se réunir? «Il faut laisser du temps aux gens, a concédé Jacky Lorenzetti. Mais l’identité, c’est fait pour évoluer.» Rapidement en l’occurrence. Le 29 avril, le Racing 92 et le Stade français seront face à face. Quelques mois plus tard, ils ne formeront plus qu’un.

Newspapers in French

Newspapers from Switzerland