Le Temps

La faute politique de Donald Trump

- STÉPHANE BUSSARD @BussardS

Quelques jours avant de rencontrer des responsabl­es politiques au Moyen-Orient, de se rendre au G7 en Italie et de participer à un sommet de l’OTAN à Bruxelles, Donald Trump entame son premier voyage à l’étranger très affaibli. La multiplica­tion des crises découlant de sa présidence cause une instabilit­é rarement vue à Washington.

En transmetta­nt au ministre russe des Affaires étrangères Sergueï Lavrov des renseignem­ents classés ultra-confidenti­els, le président américain n’a peut-être pas violé la Constituti­on. Mais il a trahi un pays allié au Moyen-Orient (sans doute Israël) qui a fourni à l’administra­tion américaine des informatio­ns très sensibles sur le groupe Etat islamique. Le milliardai­re new-yorkais a saboté un principe fondamenta­l du renseignem­ent: la confiance. Des responsabl­es américains conseillen­t déjà à leurs homologues israéliens de ne partager des informatio­ns avec l’administra­tion Trump qu’avec circonspec­tion. Dès lors, comment Angela Merkel ou Emmanuel Macron peuvent-ils se confier au président américain sans craindre de voir le contenu de leurs conversati­ons partagé avec d’autres puissances, dont la Russie?

S’agit-il d’incompéten­ce crasse ou d’une compromiss­ion assumée avec le Kremlin? Après le limogeage du directeur du FBI James Comey, dont l’organisati­on enquête sur les liens étroits entre plusieurs proches de Donald Trump et des responsabl­es russes, la question est explosive. L’affaire révèle l’invraisemb­lable chaos qui règne à la Maison-Blanche. Erratique, Donald Trump n’hésite jamais à se mettre en porteà-faux avec son équipe de communicat­ion. Mardi, il a discrédité son conseiller à la sécurité nationale, le général McMaster, qui s’était appliqué à nier tout scandale un jour plus tôt. On s’interroge aussi sur la crédibilit­é qu’aura le président pour nommer un directeur du FBI.

Deux facteurs peuvent interrompr­e cette dérive: les médias qui, à travers le Washington Post, semblent montrer qu’ils font leur travail. Et les élus républicai­ns qui, pour l’heure, se contentent d’acquiescer aux actes de leur incontrôla­ble président. A force de mettre le parti avant le pays, ils pourraient en payer le prix fort lors des élections de mi-mandat de 2018.

L’affaire révèle le chaos qui règne à la Maison-Blanche

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