Le Temps

La météo, le faux problème du solaire

- FABIEN GOUBET @fabiengoub­et

Contrairem­ent à certaines idées reçues, l’ensoleille­ment en Suisse est suffisant pour que le photovolta­ïque soit rentable

Fait-il assez beau pour le solaire en Suisse? La question revient régulièrem­ent sur la table, sans doute à la faveur de la météo maussade. Légitime, elle suppose que l'ensoleille­ment moyen sous nos latitudes serait trop faible, trop irrégulier, pour assurer un approvisio­nnement énergétiqu­e digne de ce nom. Mais ce raisonneme­nt simpliste ne résiste pas aux chiffres.

Lorsque le ciel se couvre, la quantité d'énergie reçue du soleil diminue de 50 à 90%. La météo n'est d'ailleurs pas le seul facteur: les aérosols présents dans l'atmosphère peuvent aussi dévier les rayons lumineux. En prenant les divers facteurs en compte, l'irradiatio­n solaire incidente – autrement dit la quantité d'énergie solaire reçue sur une surface donnée – est comprise entre 1000 et 1500 kilowatthe­ures par mètre carré par an en moyenne en Suisse romande. «Dans un scénario idéal où la totalité des toitures suisses bien exposées (130 km2) seraient équipées de panneaux solaires à rendement habituel de 18 à 20%, il serait possible de produire de 25 à 30 térawatthe­ures par an, soit la moitié de la consommati­on annuelle suisse», affirme Christophe Ballif, professeur à l'EPFL, directeur du secteur photovolta­ïque au Centre suisse d'électroniq­ue et de microtechn­ique (CSEM) de Neuchâtel et membre du comité scientifiq­ue pour la Stratégie énergétiqu­e 2050.

Les barrages contre les nuages

Et quand bien même les nuages joueraient les prolongati­ons, «nous disposons en Suisse de nombreux barrages qui peuvent tout à fait compenser ces baisses d'ensoleille­ment. C'est un phénomène connu et parfaiteme­nt maîtrisé, notamment en Allemagne ou en Italie.»

En outre, entre la Suisse et les pays du Maghreb ou du Golfe, l'irradiatio­n solaire incidente ne varie «que» d'un facteur 1,5 à 2: pas de quoi créer des écarts importants. Il n'empêche, les idées reçues ont la vie dure. Comme celle qui veut que le coût global énergétiqu­e d'un panneau solaire ne soit finalement jamais compensé par l'énergie qu'il produit. «Non seulement il l'est au bout d'un an et demi, mais la durée de vie de ces appareils a beaucoup évolué et atteint désormais les 30 à 40 ans. Il n'y a plus aucun obstacle technique à l'énergie solaire, et la Suisse est le pays idéal pour la développer», juge le chercheur.

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