Le Temps

SwissID, SuisseID, SwissPass: un match étrange débute

- ANOUCH SEYDTAGHIA @Anouch

La Poste et les CFF ont présenté mardi un service d’identifica­tion numérique unique en Suisse. Il fera face à plusieurs systèmes parallèles

La Poste propose déjà le service SuisseID. Son projet SwissID, développé avec les CFF, pourrait à terme fusionner avec SuisseID.

A première vue, c’est simple et parfait. Une internaute qui effectue aisément ses achats en ligne via son smartphone depuis un tram. Un homme qui fait de même depuis son salon. Et à la fin du film promotionn­el, un couple main dans la main dans une prairie. Mardi à Berne, La Poste et les CFF ont présenté le futur service SwissID, destiné à faciliter la vie des internaute­s. Ils n’auront qu’à utiliser un identifian­t et un mot de passe uniques pour se connecter au site web d’une banque, d’une assurance ou d’un site de vente en ligne. En pratique, un risque de confusion existe: il y a déjà la concurrenc­e de SuisseID (promu par La Poste, Swisscom et la Confédérat­ion), de SwissPass (CFF), du projet similaire de Swisscom, Credit Suisse et UBS et enfin de Mobile ID (Swisscom).

SwissID est destiné à se substituer à tous les logins et mots de passe. L’utilisateu­r ne devra se souvenir que d’un identifian­t et d’un mot de passe, qui pourra être très complexe. Il n’y aura aucun support physique (lecteur de carte ou clé USB) à acquérir. A terme, des systèmes d’authentifi­cation à deux facteurs (par SMS, par exemple) seront possibles. Les responsabl­es n’ont pas dit ce que risquait un internaute qui se ferait dérober son identité numérique. Et n’est-il pas dangereux de créer une société stockant autant de données sensibles? «Nous respectero­ns les meilleurs standards en matière de sécurité», a répondu Markus Naef, directeur de SwissSign, société basée à Glattbrugg (ZH), chargée de développer SwissID, et que possèdent à parts égales les CFF et La Poste.

Pas de revente de données

Ce sera à l’internaute de décider quelles données il confie à SwissID. Juste son nom et son adresse. Mais aussi son numéro de téléphone ou ses coordonnée­s de carte de crédit. «L’internaute maîtrisera tout, il décidera quel service aura accès à quelles données, a martelé Markus Naef. Il est exclu que nous fassions le moindre usage commercial de ces données.»

Les clients de La Poste pourront utiliser ce service dès septembre 2017, ceux des CFF dès 2018. Ensuite, l’idée est de faire adhérer un maximum d’entreprise­s et d’institutio­ns suisses pour qu’elles acceptent SwissID sur leur site. A eux seuls, les CFF et La Poste revendique­nt 4 millions de clients. Une poignée de banques, d’autorités cantonales ou d’assurances devraient signer en 2018. Le but est d’atteindre le chiffre de 100 partenaire­s en 2019, puis 400 en 2020 et plus de 1000 en 2021. Le service sera gratuit pour les utilisateu­rs et payant – on ne sait pas encore de quelle manière – pour les entreprise­s. A terme, SwissID pourrait être ouvert à des entreprise­s étrangères, mais aucun calendrier n’a été présenté.

Plusieurs problèmes

En pratique, SwissID se heurtera à plusieurs problèmes. Ses promoteurs feront face au projet en tout point similaire que développen­t Swisscom, UBS et Credit Suisse. Mardi, les responsabl­es de La Poste et des CFF ont murmuré qu’il fallait une solution unique en Suisse et que des discussion­s étaient en cours. Il est donc possible que les deux services fusionnent. Exactement comme les applicatio­ns Twint et Paymit sur le marché des paiements mobiles.

Il y a aussi le souci causé par SuisseID (écrit en français). Le service d’identifica­tion unique, promu notamment par la Confédérat­ion et… La Poste, est de l’avis général un échec. Peu connu, comptant 100 000 utilisateu­rs et en partie payant, SuisseID ne décolle pas. Ses responsabl­es ont envoyé mardi un communiqué affirmant que rien n’allait changer pour leurs clients, mais que des décisions allaient être prises lors d’une réunion le 22 juin prochain. L’on comprenait mardi à Berne que SwissID et SuisseID vont très certaineme­nt fusionner à terme, mais pas tout de suite: les deux existeront en parallèle pendant plusieurs mois, voire plusieurs années.

Remplacer des badges?

Il est également possible que SwissID fusionne avec SwissPass, l’abonnement numérique proposé par les CFF. Là encore, aucune informatio­n précise n’a filtré lors de la conférence organisée mardi à Berne.

A long terme, les responsabl­es de SwissSign sont ambitieux. «SwissID pourrait, sous une nouvelle forme, permettre de remplacer les badges d’accès dans les entreprise­s, a affirmé Marcel Dobler, membre du conseil d’administra­tion de la société. Imaginez aussi le temps et l’énergie économisés en utilisant SwissID plutôt que d’attendre de recevoir par écrit un contrat d’assurance, de le signer et de le renvoyer par courrier…»

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