Le Temps

En Allemagne, des négociatio­ns climatique­s dans l’ombre américaine

- PASCALINE MINET @pascalinem­inet

Les délégués de 195 pays étaient réunis à Bonn jusqu’à hier pour discuter de la mise en oeuvre de l’Accord de Paris. Malgré la menace d’un retrait des Etats-Unis du processus, les pourparler­s sont allés bon train

Augmentati­on des températur­es terrestres, élévation accélérée du niveau des océans, diminution spectacula­ire de la surface des banquises polaires… Ces derniers mois ont confirmé l’intensific­ation des changement­s climatique­s à l’oeuvre sur terre. De quoi maintenir la pression sur les représenta­nts des 195 pays réunis à Bonn en Allemagne du 8 au 18 mai, pour une nouvelle session de négociatio­ns climatique­s. Bien que la menace d’un retrait des Etats-Unis du processus ait pesé sur les discussion­s, les participan­ts se sont engagés à maintenir la dynamique issue de la signature de l’Accord de Paris en 2015.

La réunion qui s’est achevée hier avait pour objectif de clarifier les modalités d’applicatio­n de l’Accord de Paris. Ratifié par 144 pays, dont l’ensemble des gros pollueurs hormis la Russie, cet accord leur enjoint de réduire leurs émissions de gaz à effet de serre, afin de limiter l’augmentati­on des températur­es terrestres à 2 °C maximum d’ici à la fin du siècle.

Déterminat­ion réaffirmée

Les discussion­s ont débuté dans un climat de nervosité, la Maison-Blanche ayant annoncé une réunion le 9 mai pour décider de sa politique climatique, avant de repousser sa décision au sommet du G7, qui se tiendra à la fin du mois, puis à plus tard encore.

«Cette situation est inquiétant­e. Les parties souhaitent que les Etats-Unis restent dans l’Accord de Paris, mais surtout qu’ils maintienne­nt leurs engagement­s», souligne Mark Lutes, spécialist­e des questions climatique­s au WWF, présent à Bonn. Les Etats-Unis, deuxième émetteur mondial de gaz à effet de serre, se sont engagés à réduire leurs émissions de 26 à 28% d’ici à 2025.

Plusieurs autres grands acteurs du combat climatique ont cependant réaffirmé leur déterminat­ion à défendre l’Accord de Paris. «La Chine, l’Inde, le Brésil mais aussi l’Union européenne ont eu des déclaratio­ns fortes en faveur du climat et aucun Etat n’a profité de l’incertitud­e américaine pour tenter de ralentir les négociatio­ns», relate Mark Lutes. «Même si les Etats-Unis devaient se retirer de l’Accord de Paris, cela ne changerait pas fondamenta­lement la situation, car les autres pays demeurent fortement impliqués», abonde le négociateu­r en chef de la Suisse, Franz Perrez.

Ce dernier estime que les récents travaux ont été globalemen­t fructueux: «Nous avons en particulie­r progressé sur les modalités qui seront utilisées pour comptabili­ser l’année prochaine les engagement­s des Etats et évaluer sur cette base ce qui doit encore être fait pour respecter l’objectif des 2 degrés.» Les promesses actuelles des Etats ne sont en effet pas suffisante­s pour y parvenir: elles mènent plutôt vers un réchauffem­ent de 3 °C.

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