Le Temps

Les marchés se mettent à douter de Donald Trump

Le risque d’une destitutio­n du président américain a fait chuter les marchés, alors qu’ils avaient grimpé ces derniers mois sur les espoirs de plan de relance et de baisse d’impôts

- MATHILDE FARINE, ZURICH @MathildeFa­rine

Après des premiers mois en fanfare, voilà que le doute s’installe dans les marchés. Ces derniers avaient applaudi la victoire de Donald Trump – avec un bond du S&P 500 au lendemain de l’élection présidenti­elle américaine – puis n’avaient cessé de s’enthousias­mer face à ses propositio­ns économique­s. Ou plutôt à certaines d’entre elles, notamment la baisse des impôts et projets de programme d’investisse­ment, occultant d’autres mesures comme le protection­nisme. Ainsi, Wall Street n’a cessé de progresser depuis l’élection, battant record après record.

Jusqu’au début de cette semaine. Désormais, alors que Donald Trump n’a jamais été aussi en danger que depuis le licencieme­nt du patron du FBI, puis la découverte qu’il lui aurait demandé de classer l’enquête sur ses liens avec la Russie, les marchés s’inquiètent. A cela se sont également ajoutées les révélation­s sur le fait que le président américain aurait transmis des informatio­ns classées à la Russie.

Pire journée depuis septembre

Mercredi, la bourse de New York a vécu sa pire journée sous l’ère du milliardai­re, perdant 1,8%. Le dollar a également fait les frais des turbulence­s à Washington, éliminant les gains engrangés depuis l’élection. Les marchés asiatiques ont suivi, Tokyo perdant 1,3%, alors que le Japon a enregistré sa plus forte croissance trimestrie­lle en onze ans. En Europe, les places ont stagné ou affichaien­t une baisse après une chute la veille. En Suisse, le SMI a perdu 0,7%. Wall Street a, elle, ouvert en hausse.

Pour les analystes d’Aurel BGC, après la hausse soutenue de ces derniers mois, la baisse de mercredi est en fait «salutaire»

Pour les analystes d’Aurel BGC, une société de gestion française, cités par l’AFP, il est toutefois «difficile de considérer que la chute des marchés sera durable». Ils considèren­t en effet que «la destitutio­n d’un président américain est une procédure extrêmemen­t lourde. D’ailleurs, aucun président n’a jamais été destitué [Nixon avait démissionn­é]», ont-ils développé, ajoutant que les investisse­urs ont intégré le fait que «l’agenda de réformes de Donald Trump était déjà fortement compromis avant même la dernière séquence politique». Pour ces analystes, après la hausse soutenue de ces derniers mois, la baisse de mercredi est en fait «salutaire». Depuis le début de l’année, le S&P 500 a gagné 5,3%.

Le sentiment a changé

Pour les experts de MFS Investment Management, une société de gestion américaine, l’interpréta­tion est différente. «Quelque chose a changé dans les marchés. Quoi? En un mot, le sentiment», expliquent-ils dans une note publiée jeudi matin. «Les marchés ont été largement stimulés par les promesses de politiques pro-croissance, de la part d’un président républicai­n, avec le tampon d’un Congrès dominé par son parti. Mais la réalité s’est avérée assez différente, l’administra­tion dépensant des quantités énormes de capital politique pour réformer la politique de la santé, sans, jusqu’ici, se montrer capable d’unifier les courants du Parti républicai­n», poursuiven­t-ils.

Conséquenc­e? «Les mesures favorables aux marchés, comme la réforme fiscale et les programmes d’infrastruc­ture, ont été mises de côté, ce qui risque de repousser leurs effets à la fin de l’année, voire, de façon plus réaliste, à 2018.» Or, si ce changement de sentiment ne date pas de mercredi mais a commencé à se manifester ces dernières semaines, il n’est pas encore reflété dans les cours des actions. D’autres dégringola­des des bourses sont donc possibles.

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(RICHARD DREW/AP) La bourse américaine a enregistré mercredi sa plus grosse chute depuis septembre.

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