Le Temps

Le fonds souverain de Singapour aurait perdu plus de 4 milliards de francs avec UBS

- M. F.

Le GIC s’est dit déçu lundi en annonçant la vente d’une partie de ses positions dans la banque suisse, admettant avoir enregistré une perte, sans la chiffrer. Une filiale de Thomson Reuters a fait les calculs

Plus d’un tiers de sa mise de départ. C’est ce que le fonds souverain singapouri­en GIC aurait perdu avec UBS. Il avait injecté, fin 2007, 11 milliards de francs dans la banque suisse alors en difficulté.

Or, l’investisse­ment n’a jamais décollé. Pire, le cours s’est même effondré, passant de 46 francs à la fin de 2007, peu après l’interventi­on du GIC, à 16,30 francs lundi. Entre-temps, il n’a jamais réussi à repasser au-dessus de la barre des 20 francs. Lundi soir, annonçant la vente d’une partie des actions qu’il détient encore, le fonds a admis avoir réalisé une perte, sans la chiffrer, mais se disant «déçu» et provoquant une chute de l’action lundi et mardi.

Or, l’Internatio­nal Financial Review (IFR), une filiale de Thomson Reuters spécialisé­e dans les données et l’analyse des marchés de capitaux, a fait l’exercice de calculer cette perte. Les analystes l’évaluent à plus de 4 milliards de francs, en se basant sur des «estimation­s prudentes de revenus de la vente d’actions, de paiements d’intérêt sur les convertibl­es, de dividendes et la valorisati­on des 2,7% que le GIC détient encore» dans UBS. Les 93 millions de titres qu’a vendus le GIC représente­nt 1,5 milliard de francs, ou 2,4% du capital et des droits de vote. Il doit maintenant attendre 90 jours s’il souhaite vendre le reste de ses positions.

Le fonds singapouri­en était entré dans le capital de la banque via des obligation­s convertibl­es, transformé­es en mars 2010 à la valeur de 47,68 francs, soit au-dessus du cours du moment, pour tenir compte du prix au moment de l’investisse­ment. Le GIC est ainsi devenu le plus grand actionnair­e d’UBS avec 6,4% du capital, dont il a cédé une partie pour ne garder que 5,1% jusqu’à ce lundi, où il en a encore vendu la moitié. Le GIC n’a pas réagi à ces calculs.

Plus de 100 milliards de dollars d’actifs à travers le monde

D’après les calculs d’IFR, le fonds a reçu 2 milliards de francs en intérêt grâce aux convertibl­es et 2,45 francs de dividende par action entre 2011 et 2016, soit 602 millions. Les analystes calculent ainsi un rendement total de 5,2 milliards, ajouté au 1,7 milliard que l’investisse­ur détient encore, d’où une perte de 4,1 milliards. Le fonds gère plus de 100 milliards de dollars à travers le monde et UBS représenta­it son deuxième plus important investisse­ment, selon les données de Thomson Reuters.

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