SÉCURITÉ L’ÉTAT DE SIÈGE
Rebaptisé «bunker» dès son inauguration, le Palais des Festivals s'ingénie sans relâche à perpétuer son sobriquet à travers des améliorations sécuritaires, encore renforcées pour cette 70e édition après les attentats terroristes de 2015 et 2016. Les forces de police sont munies de semi-automatiques 9 mm avec des chargeurs de 17 balles. L'armée patrouille mitraillette en bandoulière. D'énormes pots en ciment, plantés d'arbres, sont disposés autour du palais pour dissuader les camions fous. Un système anti-drone a été installé et l'on dit qu'il y a des snipers sur les toits. Un chien de déminage passe le Grand Théâtre Lumière à la truffe fine.
Des portiques d'aéroport ont été installés devant chaque salle, doublés d'un passage au détecteur de métal si une pièce de 10 centimes traîne au fond d'une poche. Les vigiles confisquent tout objet dangereux – bouteilles d'eau, bananes, barres chocolatées, Läkerol… Le stress qu'induisent ces mesures est évidemment préjudiciable à l'appréciation sereine des films. La polémique ne tarit pas à propos des oeuvres en compétition produites par Netflix. Pedro Almodovar, président du jury, pose comme principe que les films doivent être vus sur un écran plus large que le siège sur lequel s'assied le spectateur. Mais le modèle almodovarien est en voie de disparition. Un jour, las d'être scannés et fouillés, les derniers cinéphiles se vautreront sur leur sofa pour consommer les produits Netflix sur leur tablette.
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