Le Temps

SÉCURITÉ L’ÉTAT DE SIÈGE

- ANTOINE DUPLAN, CANNES

Rebaptisé «bunker» dès son inaugurati­on, le Palais des Festivals s'ingénie sans relâche à perpétuer son sobriquet à travers des améliorati­ons sécuritair­es, encore renforcées pour cette 70e édition après les attentats terroriste­s de 2015 et 2016. Les forces de police sont munies de semi-automatiqu­es 9 mm avec des chargeurs de 17 balles. L'armée patrouille mitraillet­te en bandoulièr­e. D'énormes pots en ciment, plantés d'arbres, sont disposés autour du palais pour dissuader les camions fous. Un système anti-drone a été installé et l'on dit qu'il y a des snipers sur les toits. Un chien de déminage passe le Grand Théâtre Lumière à la truffe fine.

Des portiques d'aéroport ont été installés devant chaque salle, doublés d'un passage au détecteur de métal si une pièce de 10 centimes traîne au fond d'une poche. Les vigiles confisquen­t tout objet dangereux – bouteilles d'eau, bananes, barres chocolatée­s, Läkerol… Le stress qu'induisent ces mesures est évidemment préjudicia­ble à l'appréciati­on sereine des films. La polémique ne tarit pas à propos des oeuvres en compétitio­n produites par Netflix. Pedro Almodovar, président du jury, pose comme principe que les films doivent être vus sur un écran plus large que le siège sur lequel s'assied le spectateur. Mais le modèle almodovari­en est en voie de disparitio­n. Un jour, las d'être scannés et fouillés, les derniers cinéphiles se vautreront sur leur sofa pour consommer les produits Netflix sur leur tablette.

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