«Il n’y a pas de remèdes miracles»
Pascal Saint-Amour, professeur d’économétrie et d’économie politique à la faculté des Hautes Etudes commerciales (HEC) de l’Université de Lausanne, revient sur les enjeux liés à la faillite d’un Etat
Quelles sont les conséquences d’un défaut de paiement? Un pays est déclaré en situation de défaut de paiement s’il ne peut faire face à ses engagements et assurer les paiements sur sa dette souveraine. Le défaut est un événement ponctuel et non terminal et doit être distingué de la faillite, qui est un terme utilisé pour les entreprises et les individus. Dans les faits, un pays dispose toujours de ressources productives utilisables pour rembourser la dette. La conséquence d’un défaut est la perte de confiance auprès des marchés financiers. Si le pays est incapable de respecter les échéances, les agences de notation revoient leurs cotations à la baisse. C’est un cercle vicieux: une mauvaise note augmente inévitablement le risque de défaut pour les créditeurs, qui réclameront des taux d’intérêt bien plus élevés en échange. Le coût d’accès au capital devient plus important.
«Le Venezuela doit resserrer les dépenses de l’Etat et reprendre le contrôle de son inflation»
Que peut faire un Etat dans ce cas précis? La restructuration de la dette est la première mesure qu’un pays doit considérer. Avec l’accord des créditeurs, il peut renégocier les termes de la dette via une extension de la maturité ou une réduction du montant (principe du haircut). Si la dette du pays en difficulté est exprimée en devise locale, l’inflation peut être un outil efficace. En dévaluant la monnaie, le coût de remboursement baisse. Mais l’usage de la politique monétaire ne doit pas être abusif. Une spirale inflationniste est catastrophique pour un pays et difficilement contrôlable. En dernier ressort, le FMI peut venir en aide aux pays qui ne disposent plus de partenaires financiers. L’institution se substitue aux créanciers internationaux et apporte un soutien financier. Elle exigera en contrepartie des réformes macroéconomiques solides.
Comment voyez-vous l’avenir du Venezuela? Il n’y a bien évidemment pas de remèdes miracles. Pour regagner la confiance des marchés financiers, le Venezuela doit resserrer les dépenses de l’Etat et reprendre le contrôle de son inflation. De tels virages structurels pourraient nécessiter des changements politiques afin de mener à bien les réformes.
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