Le Temps

Diversité médiatique: l’urgence d’un débat

- NICOLAS DUFOUR @NicoDufour

Des licencieme­nts à 24 heures et à la Tribune de Genève l'automne passé. La fin de L’Hebdo et une restructur­ation du Temps l'hiver dernier. L'annonce récente d'un resserreme­nt des titres neuchâtelo­is, L’Express et L’Impartial. A présent, les regroupeme­nts du Matin et de 20 minutes, ainsi que des principale­s rédactions alémanique­s et romandes de Tamedia.

Les douleurs se succèdent pour les personnels de presse. Par contre, dans le débat public, cette litanie entamée dans les années 1990 est devenue un bruit de fond, à peine amplifié parfois par quelques politiques inquiets pour l'emploi.

Bien sûr, la Suisse a bénéficié d'une densité de journaux inédite en Europe, et des concentrat­ions sont devenues inéluctabl­es. Il est pourtant temps de mettre sur la table la question de la diversité médiatique. Longtemps ruminée par des universita­ires, la diversité doit devenir un enjeu collectif.

Que des journaux continuent de disparaîtr­e, que des pans des grands titres de Tamedia deviennent communs et neutralise­nt la concurrenc­e interne constituen­t bien un appauvriss­ement de l'offre. Sur la scène médiatique suisse, le secteur privé s'amoindrit, le service public est attaqué par certains pour ses bourrelets, et pendant ce temps les géants californie­ns du Web se goinfrent dans l'auge des dépenses publicitai­res nationales.

A ce sujet, il serait benêt d'imaginer que les réseaux sociaux comblent les vides qui se multiplien­t dans le tissu médiatique. Facebook constitue certes une intéressan­te place du village, mais la démocratie helvétique, si intense et complexe, ne peut se jouer juste par quelques fugaces pouces brandis en haut ou en bas. Une population qui vote au moins quatre fois par année doit disposer d'espaces de débats variés et propres à sa culture.

C'est là que la question se pose. Nos collègues correspond­ants à Berne se sont récemment comptés: pour couvrir l'actualité fédérale, en dehors de la RTS, les Romands ne sont plus que neuf. Voilà une réalité que les lecteurs doivent connaître.

Le Temps est contrôlé par un éditeur qui n'a guère de leçons à donner en matière de diversific­ation, lui qui a éteint la lumière de L’Hebdo. Mais c'est ainsi, justement, que le débat doit être exprimé. En toute franchise de la part des camps respectifs.

Que chacun, médias, lecteurs, acteurs privés ou publics, formule ses besoins et ses idéaux. Que les carences soient identifiée­s, abordées. Que de nouveaux scénarios éditoriaux aussi bien qu'économique­s soient imaginés. Le moment d'une urgente discussion publique est venu.

Il serait benêt d’imaginer que les réseaux sociaux comblent les vides qui se multiplien­t dans le tissu médiatique

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