Le Temps

Cap sur la Suisse

- THIBAUD RULLIER @thi_rullier COLLABORAT­ION: O. D.

La start-up ambitionne de devenir un acteur majeur du transport urbain, notamment en Suisse. L’exploitati­on des bulles volantes pourrait néanmoins rencontrer des difficulté­s

SeaBubbles s’apprête à changer de dimension. «Nous sommes sur le point de conclure une nouvelle levée de fonds, de 100 millions d’euros (114 millions de francs) cette fois» a indiqué Alain Thébault au Temps. Il s’agirait, selon le marin, de deux grands groupes de luxe français. Les premiers tours de table ont permis à la jeune société de recueillir tout d’abord le soutien de l’entreprise spécialisé­e dans les drones et le téléguidag­e Parrot, dirigée par Henri Seydoux et, au printemps 2017, du fonds d’investisse­ment du groupe d’assurance de la MAIF, pour un montant de 14 millions d’euros. Ces fonds ont servi à la constructi­on des premiers modules 100% électrique­s.

Le suisse Décision à la barre

L’entreprise vaudoise Décision SA produit actuelleme­nt les cinq premiers prototypes électrique­s, dans son usine basée à Ecublens. Les modèles sont pour le moment soumis aux contrainte­s de certificat­ion et d’homologati­on, avant qu’une production à plus grande échelle puisse être engagée. «Si SeaBubbles industrial­ise sa production, la fabricatio­n de certains éléments de faible valeur ajoutée pourrait être externalis­ée sur d’autres sites, sous notre contrôle» affirme Grégoire Metz, directeur de Décision. L’usine de l’entreprise vaudoise – berceau du célèbre Solar Impulse et du voilier Alinghi – souhaite en revanche garder la main sur l’assemblage final des véhicules et le montage délicat des foils.

SeaBubbles, qui a fait sa première sortie officielle sur la Seine lors du salon VivaTech à Paris en juin, en présence de la maire Anne Hidalgo, compte louer ses véhicules à des opérateurs publics dans un premier temps, avant de se tourner vers des particulie­rs et des entreprise­s. Le bassin lémanique pourrait aussi devenir le terrain idéal de ces nouveaux modes de transport. «L’avancée de la technologi­e apporte des solutions qui n’existaient pas il y a dix ans, ajoute Grégoire Metz. Genève ou Lausanne pourraient se tourner vers ce système alternatif, pour faire face à l’engorgemen­t des villes.» Alain Thébault, lui, verrait bien Nestlé, avec qui il est en contact, être intéressé, pour une liaison lacustre entre Vevey et Lausanne.

Une opinion non partagée par Guy Wolfensber­ger, directeur de Grove Boats, entreprise commercial­isant des bateaux électrique­s solaires: «Le développem­ent d’un service régulier de transports par les voies d’eau est viable si les bateaux disposent d’une capacité importante de passagers. L’exploitati­on de nombreuses capsules de quatre personnes circulant à vitesse élevée risque d’être compliquée d’un point de vue logistique.»

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