Le Temps

Sylvain Gaeng insuffle l’esprit du surf dans la passion humanitair­e

Passionné par le surf et l’océan, le sportif est à la tête de Ride for the Cause depuis neuf ans, un événement caritatif de stand-up paddle. Une manière de surfer en Suisse en récoltant des dons pour son ONG, Waves for Developmen­t

- Ride for the Cause, 26-27 août à la plage du Pierrier à Montreux. www.ride4theca­use.org PAR SARAH AUGSBURGER @sarahaugsb­urger

Lorsqu’il évoque l’océan, les yeux de Sylvain Gaeng se mettent à pétiller. Il s’anime, le ton de sa voix et ses expression­s transpiren­t une passion qui l’habite au plus profond de lui. «Observer l’océan sur une plage m’absorbe complèteme­nt. Par l’énergie qu’il dégage, par le fait que dans l’instant présent, il change tout le temps. Chaque vague est unique. Face à un tel spectacle, le temps s’arrête et je pourrais passer des journées entières à le regarder sans m’en rendre compte!»

Embarqués par son récit, on l’imagine aisément ne faire qu’un avec cet élément qui le fascine, l’électrise, l’ensorcelle. «La vague est le deuxième système énergétiqu­e naturel le plus puissant du monde. Il y a une telle force, une telle puissance qui propulse le surfeur… c’est à la fois magique et effrayant. Il faut vraiment avoir un bon mental et un bon physique.»

Pourtant, Sylvain Gaeng n’a jamais aussi peu assouvi sa passion depuis qu’il a fondé l’ONG Waves for Developmen­t en 2008 et l’événement Ride for the Cause en 2009. Tout commence lors d’un voyage en 2006, dans le petit village péruvien de Lobitos. Il y fait la connaissan­ce de Christian, un surfeur américain, et tous deux font l’amer constat que très peu d’habitants du village ne sont à l’eau avec eux. De rencontre en rencontre, ils sont une centaine de surfeurs à partager ce point de vue.

Pendant plusieurs mois, ils échangent alors leurs idées par le biais d’un groupe Google, par e-mail et par Skype. Convaincus par le modèle du volontouri­sme, ils mettent en commun leurs compétence­s et choisissen­t d’utiliser le surf comme vecteur éducatif. Ils mettent donc sur pied le programme de l’ONG, qui inclut des cours d’anglais, de préservati­on de l’environnem­ent et de surf notamment.

Ils sont finalement huit à se retrouver au Pérou en 2008 pour la fondation de Waves for Developmen­t (Water Adventure Voluntouri­sm Education Sustainabi­lity). «Ce qui est intéressan­t, c’est que nous avons créé une ONG purement digitale. Nous n’avions communiqué que par Internet et nous nous sommes rencontrés pour la première fois pour le lancement de notre programme. Et ça fonctionne depuis plus de dix ans!»

De retour en Suisse, Sylvain Gaeng se met à la recherche financemen­ts. Il pense tout de suite à utiliser le surf pour créer un événement caritatif. A cette époque, le stand-up paddle n’avait fait qu’une timide apparition dans la contrée lémanique, encore bien loin de sa cote de popularité actuelle. Le pétillant personnage décide alors de s’en servir et de mobiliser «l’esprit et le mode de vie» du surf pour créer un événement lui permettant de lever des fonds et sensibilis­er ses concitoyen­s au programme de son ONG.

Ride for the Cause naît ainsi en 2009, avec un seul paddleur, une trentaine de personnes et quelques centaines de francs récoltés pour WAVES for Developmen­t. Dès l’année suivante, Sylvain Gaeng invite l’organisati­on suisse Summit Foundation, qui deviendra bénéficiai­re des dons dès 2013, et apporte ainsi une cohérence environnem­entale à son événement.

De bouche à oreille, l’événement grandit de manière exponentie­lle. Pour sa 8e édition l’année dernière, il a réuni 1000 paddleurs, 5000 participan­ts et récolté 45000 francs. Et chaque fois, un thème et un défi différents pour rassembler tout ce monde au sein d’une communauté de partage. «Une vraie communauté de surfeurs, sans laquelle rien n’aurait été possible», ajoute Sylvain Gaeng. Il tient à préciser que depuis la première édition de l’événement, l’intégralit­é des fonds récoltés est reversée aux deux associatio­ns, quels que soient les frais d’organisati­on, toujours plus importants.

Passion et travail sont les deux valeurs qui font avancer le dynamique organisate­ur. Engagé corps et âme dans le développem­ent de ses projets, il n’a plus de temps pour profiter de la passion qu’il promeut. «Ride for the Cause, c’est mille heures de travail annuelles pour moi, soit quatre mois et demi à plein-temps. Je les fais sur mes week-ends et sur mes nuits, à côté de mon emploi à 100%. C’est beaucoup de sacrifices, mais j’ai ça en moi, ces projets m’animent complèteme­nt et j’ai la chance d’être soutenu par ma famille.» Sylvain Gaeng peut également compter sur le dévouement de plusieurs personnes à l’année, et de plus de 200 aides le temps du week-end de l’événement, le tout de manière entièremen­t bénévole.

A l’écouter raconter ses nombreuses anecdotes, on se dit alors que ses années passées à bourlingue­r sur les plages du monde, à flirter avec la puissance de l’océan, l’ont façonné à l’image de cet élément qui le fascine tant. Et lorsqu’on lui demande pourquoi le Pérou, une autre lueur se met à scintiller dans ses yeux. «Je suis arrivé à Lobitos un peu par hasard. J’ai été très bien accueilli par un groupe de locaux, qui m’ont prêté une planche. J’y suis donc resté un moment… et j’ai rencontré Monica, qui est ma femme depuis maintenant vingt ans.»

«La vague est le deuxième système énergétiqu­e naturel le plus puissant du monde. Il y a une telle force qui propulse le surfeur… c’est à la fois magique et effrayant»

 ??  ??
 ??  ??

Newspapers in French

Newspapers from Switzerland